In Platonis Phaedrum Scholia: 262d7-9
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Φαῖδρος
ἔστω ὡς λέγεις: μόνον δήλωσον ὃ φῄς.
Σωκράτης
ἴθι δή μοι ἀνάγνωθι τὴν τοῦ Λυσίου λόγου ἀρχήν.
Phèdre
Que cela soit comme tu dis, mais explique-toi plus clairement.
SocrateLis-moi l'incipit du discours de Lysias.
Platon, Phèdre, 262d7-262d9
Phèdre l’a déjà dit, il lui manque un exemple, un παράδειγμα. Socrate continue à parler sans donner des exemples précis.
La question de l’exemple est fondamentale ici: Socrate est en train de dire qu’il ne peut pas y avoir une différence entre vérité et expression de la vérité et donc entre vérité et discours qui dit le vrai. Il n’y a pas un art de dire le vrai séparée de la vérité elle-même, car vérité et paroles vraies sont la même chose. Mais comment affirmer une telle chose donc, si ce n’est tout simplement en montrant la vérité?
Mais Socrate triche, en réalité. Car la seule chose que les deux ont vraiment à disposition pour une analyse de ce type, c’est le discours de Lysias, qui, étant écrit, peut être cité et montré comme un objet matériel précis. Les discours de Socrate ne sont plus là, il n’y a que la mémoire qui les a retenus et en effet ils ne seront pas cités précisément par la suite.
Le paradoxe de ce dialogue s’affiche ici de manière éclatante: le dialogue contre l’écriture et contre les sophistes semble affirmer que la seule manière pour montrer la vérité c’est d’avoir un discours écrit. Mais les discours vrais ne doivent pas être écrits - ou mieux, ne le peuvent pas. Donc on ne pourra que montrer des discours faux.