In Platonis Phaedrum Scholia: 262d3-6
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Σωκράτης
καὶ ἔγωγε, ὦ Φαῖδρε, αἰτιῶμαι τοὺς ἐντοπίους θεούς: ἴσως δὲ καὶ οἱ τῶν Μουσῶν προφῆται οἱ ὑπὲρ κεφαλῆς ᾠδοὶ ἐπιπεπνευκότες ἂν ἡμῖν εἶεν τοῦτο τὸ γέρας: οὐ γάρ που ἔγωγε τέχνης τινὸς τοῦ λέγειν μέτοχος.
Socrate
Et moi, Phèdre, j'en identifie la cause avec les divinités de cet endroit. Et peut-être aussi les prophètes des Muses qui chantant des odes sur notre tête nous ont offert ce talent. Moi en effet je n'ai aucun art de la parole.
Platon, Phèdre, 262d3-262d6
Les discours de Socrate sont des discours de quelqu’un qui connaît la vérité, semblait dire la dernière affirmation du philosophe. Pourtant Socrate continue de répéter qu’il ne sait rien, il ne connaît rien, il ne se connaît même pas soi-même.
D’où vient donc la vérité? Et plus généralement, d’où vient la pensée? Pas de Socrate, pas des individus. Les individus qui revendiquent un savoir quelconque sont en réalité les plus ignorants, les plus incultes - comme Lysias. Socrate ne sait rien et il sait qu’il ne sait rien.
La pensée vient d’ailleurs. Ce sont les dieux qui pensent. Ce sont les lieux, les espaces, les arbres, les rivières, les cigales. La pensée est toujours inhumaine, non-humaine.
La pensée surprend justement parce qu’on ne sait jamais qui en a été le producteur. Ici c’est l’Ilisios qui pense, ce sont les divinités de ce lieu particulier, les dieux du platane et les cigales qui continuent à chanter sur les têtes de Phèdre et de Socrate. Si les deux discours de Socrate - et pas seulement le dernier - sont des discours qui portent un savoir de la vérité, cela est dû au genius loci.