In Platonis Phaedrum Scholia: 260d4-8
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Σωκράτης
‘ἡ δ᾽ ἴσως ἂν εἴποι: ‘τί ποτ᾽, ὦ θαυμάσιοι, ληρεῖτε; ἐγὼ γὰρ οὐδέν᾽ ἀγνοοῦντα τἀληθὲς ἀναγκάζω μανθάνειν λέγειν, ἀλλ᾽, εἴ τι ἐμὴ συμβουλή, κτησάμενον ἐκεῖνο οὕτως ἐμὲ λαμβάνειν:
Socrate
Il pourrait peut-être dire: que ce que vous délirez, mes merveilleux? Moi je ne contrains personne qui ne connaisse pas la vérité à apprendre à parler, mais, si mon conseil vaut quelque chose, on me prendra après avoir acquis celle-là.
Platon, Phèdre, 260d4-260d8
Encore le doute ironique exprimé par le ἴσως. Socrate ne semble donc pas convaincu par la réponse de l’art oratoire, mais il est nécessaire d’écouter les accusés. C’est un véritable procès qui est mis en scène ici, dans la meilleure tradition de l’Athènes de l’époque. Il y aura des discours qui seront des témoins, et l’accusé, l’art de parler, sera aussi écouté.
Et le voilà donc prendre la parole pour se défendre. Commence donc ici une prosopopée de l’art oratoire. Il se fâche, pour commencer. Mais que diable dites-vous?
L’argument de l’art oratoire est très fort: il est un art qui n’exclue pas la connaissance de la vérité. Son conseil (συμβουλή) n’est utile qu’à ceux qui connaissent la vérité. L’art oratoire serait donc un art de bien tourner des contenus, mais il ne toucherait pas au contenu lui-même. C’est un art qui concerne la forme mais non le contenu. Ce point est fondamental: si l’art oratoire a raison, cela signifierait que forme et contenu peuvent être séparés. On revient à la rhétorique de l’immatérialité: les contenus seraient immatériels, leur matière serait la forme concrète que les contenus prennent, mais elle ne toucherait pas à leur sens.
Si un contenu est faux, cela ne dépendrait donc pas de l’art oratoire, mais de l’orateur qui n’a pas avant appris la vérité. On verra que Socrate refuse cet argument, même si la raison de ce refus n’est pas très claire. Mais à mon avis la raison est justement le fait que le Phèdre est le dialogue de la matérialité.
