In Platonis Phaedrum Scholia: 260c5-d1

ἀγαθός, κακός

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Σωκράτης
ὅταν οὖν ὁ ῥητορικὸς ἀγνοῶν ἀγαθὸν καὶ κακόν, λαβὼν πόλιν ὡσαύτως ἔχουσαν πείθῃ, μὴ περὶ ὄνου σκιᾶς ὡς ἵππου τὸν ἔπαινον ποιούμενος, ἀλλὰ περὶ κακοῦ ὡς ἀγαθοῦ, δόξας δὲ πλήθους μεμελετηκὼς πείσῃ κακὰ πράττειν ἀντ᾽ ἀγαθῶν, ποῖόν τιν᾽ ἂν οἴει μετὰ ταῦτα τὴν ῥητορικὴν καρπὸν ὧν ἔσπειρε θερίζειν;
Φαῖδρος
οὐ πάνυ γε ἐπιεικῆ.

Socrate
Quand l'orateur sans connaître le bien et le mal, essaie de convaincre une ville qui l'ignore aussi, non pas en faisant l'éloge de l'ombre d'un ânόνe comme d'un cheval, mais du mal comme du bien, et lorsqu'après avoir étudié les opinions des masses, il les convainc à faire le mal au lieu du bien, quel fruit penses-tu que l'art oratoire va recolter de ce qu'il a semé?
Phèdre
Certes un fruit pas du tout recommandable

Platon, Phèdre, 260c5-260d1

Les termes de la similitude sont maintenant tous là: l’âne est le mal (κακός) et le cheval est le bien (ἀγαθός). Le Phèdre hypothétique est mis en comparaison avec une ville. L’orateur ne connaît pas la différence entre le bien et le mal - comme celui qui ne reconnait pas un âne et un cheval -, il les confond. Mais il connaît l’opinion des gens qu’il doit convaincre: ils croient que le bien c’est le mal. Il les convainc donc à faire le mal. Tout cela se passe sans que personne n’en soit conscient, ni la ville, ni l’orateur, car personne ne connaît le bien et le mal.

La similitude nous dit quelque chose à propos de la relation entre le bien et le mal: les deux se ressemblent tout en étant très différents. On peu se tromper car il s’agit de bêtes similaires à première vue. Mais cette ressemblance est très superficielle: elle ne concerne que l’apparence et elle cache une différence ontologique profonde. C’est le topos des apparences trompeuses: dans le monde sensible les choses sont floues, mais elles sont nettes dans le monde intelligibles; on peut confondre, dans le monde sensible, un âne et un cheval, le bien et le mal, car leur apparence sensible est proche, mais leurs essences, leurs idées, sont nettes et très différentes.

ἀγαθός, κακός scholia