In Platonis Phaedrum Scholia: 260a6-8

σοφοί, Homère

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Σωκράτης
‘οὔτοι ἀπόβλητον ἔπος’ εἶναι δεῖ, ὦ Φαῖδρε, ὃ ἂν εἴπωσι σοφοί, ἀλλὰ σκοπεῖν μή τι λέγωσι: καὶ δὴ καὶ τὸ νῦν λεχθὲν οὐκ ἀφετέον.
Φαῖδρος
ὀρθῶς λέγεις. Σωκράτης
ὧδε δὴ σκοπῶμεν αὐτό.
Φαῖδρος
πῶς;

Socrate
Ce discours, que prononcent les sages, ne doit pas être rejeté, Phèdre, mais il faut analyser si quelque chose de ce qu'ils disent n'est pas vrai: et aussi il ne faut pas laisser de côté ce que tu viens de dire.
Phèdre
Tu parles bien.
Socrate
Analysons donc cela.
Phèdre
Comment?

Platon, Phèdre, 260a6-260a9

Socrate semble prendre au sérieux Phèdre. Il faut prendre au sérieux les savants, les σοφοί, les professionnels. Si les professionnels disent que l’opinion compte plus que la vérité, il faut prendre en compte leur discours. Pour faire voir à quel point il est sérieux, Socrate commence avec une citation de l’Iliade: ‘οὔτοι ἀπόβλητον ἔπος’, ce discours ne peut pas être mis de côté. Les vers d’Homère ont pour les grecs une valeur semblable à celle des proverbes et des expressions figées, mais il est quand même intéressant d’aller voir le vers dans le contexte. On est dans le livre II de l’Iliade et c’est Nestor qui parle à Agamemnon au moment d’un débat public - après Ulysse qui vient de finir son discours. La parole qu’on ne peut pas rejeter est la sienne: celle de Nestor le sage conseiller.

Il y a sans doute beaucoup d’ironie dans les mots de Socrate, qui se moque des “sages” en leur disant qu’ils se prennent pour des Nestor ou pour des Ulysse. Et aussi Phèdre est mis dans le tas: on doit le prendre au sérieux! Socrate taquine le jeune de façon tellement raffinée que ce dernier ne s’en aperçoit même pas. Socrate montre de façon performative qu’il possède l’art des discours, même s’il est en train de la critiquer.

σοφοί, Homère scholia