In Platonis Phaedrum Scholia: 259b7-c1

Dante, Ulysse

Lire les autres billets de la série

Σωκράτης
λέγεται δ᾽ ὥς ποτ᾽ ἦσαν οὗτοι ἄνθρωποι τῶν πρὶν μούσας γεγονέναι, γενομένων δὲ Μουσῶν καὶ φανείσης ᾠδῆς οὕτως ἄρα τινὲς τῶν τότε ἐξεπλάγησαν ὑφ᾽ ἡδονῆς, ὥστε ᾁδοντες ἠμέλησαν σίτων τε καὶ ποτῶν, καὶ ἔλαθον τελευτήσαντες αὑτούς:

Socrate
On raconte que les cigales une fois étaient des êtres humains, nés avant les Muses, et que quand naquirent les Muses et qu'apparut le chant, ceux-là furent tellement bouleversés par le plaisir que en chantant ils oublièrent de manger et de boire, et ne s'apercevaient même pas de mourir.

Platon, Phèdre, 259b7-259c1

Il y a une bonne et une mauvaise oisiveté, nous disions. Il y a une véritable oisiveté et une espèce d’inertie nuisible.

La bonne oisiveté est celle qui nous détache des choses de ce monde pour nous pousser à nous occuper des choses d’un autre monde. La bonne oisiveté nous détache du monde sensible pour nous pousser vers le monde intelligible. Certes, dans le mythe de Platon, cette oisiveté pousse vers l’immatérialité, ou du moins c’est ce qu’il semblerait. Mais ce n’est peut-être pas la chose principale. Il y a, dans ce monde sensible, finalement, des occupations plus ou moins importantes. Le chant n’est pas moins matériel que d’autres occupation, mais il est plus divin que la simple recherche de nourriture.

J’entends le vers que Dante met dans la bouche de son Ulysse: “fatti non foste a viver come bruti”. Les cigales sont des êtres humains qui ne vivent pas comme des animaux: elles ne s’inquiètent pas de survivre, mais de chanter.

Dante, Ulysse scholia