In Platonis Phaedrum Scholia: 258b1-5
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Σωκράτης
οὐκοῦν ἐὰν μὲν οὗτος ἐμμένῃ, γεγηθὼς ἀπέρχεται ἐκ τοῦ θεάτρου ὁ ποιητής: ἐὰν δὲ ἐξαλειφθῇ καὶ ἄμοιρος γένηται λογογραφίας τε καὶ τοῦ ἄξιος εἶναι συγγράφειν, πενθεῖ αὐτός τε καὶ οἱ ἑταῖροι
Φαῖδρος
καὶ μάλα.
Ainsi, si le discours tient la scène, le poète s'éloigne volontiers du théâtre, mais s'il est supprimé et il perd son droit de logographie et le droit d'être écrivain, il se plaint lui-même et ses amis.
Phèdre
Et beaucoup.
Platon, Phèdre, 258b1-258b5
La métaphore qui lie théâtre et politique est rendue possible par l’ambigüité du mot ποιητής, à la fois le poète et celui qui fait quelque chose et donc celui qui a écrit le discours. Le politicien, qui a écrit le discours veut que sont discours tienne, qu’il reste et donc qu’il devienne une loi. Si cela fonctionne il est content, comme un poète dont la pièce continue à être représentée au théâtre. Si la loi ne passe pas, lui et son parti sont défaits et perdent leur pouvoir, comme un poète dont la pièce est supprimée du programme.
La métaphore théâtrale est une confirmation du peu d’estime que Platon accorde aux politiciens: leurs discours ne sont que des fictions, vides et dépourvues de toute valeur de vérité. Nous connaissons par ailleurs l’opinion que Platon a sur la fiction, et, encore plus précisément, sur le théâtre: dans la République Platon déclare qu’il faut bannir les poètes de la Cité parce qu’ils ne disent que des mensonges. Le théâtre est le pire des arts poétiques, car en utilisant le jeu, le discours direct et la mise en scène, il est encore plus à même de tromper les spectateurs en leur faisant croire que ce qu’ils voient n’est pas juste une imitation, mais la vérité.
J’ai l’impression que c’est ce que dit d’abord cette métaphore: la politique est une série de discours fictifs qui essaient de passer pour vrais. C’est un jeu continu où il y va du pouvoir des acteurs. Mais le public est toujours perdant.
