In Platonis Phaedrum Scholia: 257c5-8
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Φαῖδρος
καὶ γάρ τις αὐτόν, ὦ θαυμάσιε, ἔναγχος τῶν πολιτικῶν τοῦτ᾽ αὐτὸ λοιδορῶν ὠνείδιζε, καὶ διὰ πάσης τῆς λοιδορίας ἐκάλει λογογράφον: τάχ᾽ οὖν ἂν ὑπὸ φιλοτιμίας ἐπίσχοι ἡμῖν ἂν τοῦ γράφειν.
Phèdre
Et en effet, mon cher, toute à l'heure, un de nos politiciens en le critiquant lui reprochait cela et dans toute sa critique il l'appelait logographe: peut-être par amour de l'honeur donc il nous épargne d'en écrire un autre.
Platon, Phèdre, 257c5-257c8
Est-ce que Lysias aura envie d’écrire d’autres discours? Peut-être pas, car écrire des discours n’est pas bien vu, nous dit Phèdre. Cette affirmation est évidemment absurde et très ironique pour Platon - et pour Socrate. Platon considère que l’époque de Socrate est l’époque des sophistes, ce sont eux qui ont le pouvoir et qui sont bien vus par les politiciens. Socrate reste en marge, justement parce qu’il n’est pas un sophiste.
Ce qu’affirme ici Phèdre est donc tout le contraire de la vérité - ou du moins de celle que Platon considère la vérité. L’époque de Socrate est l’époque de l’écriture des discours, l’époque des tribunaux, de la politique qui se fait à coup de rhétorique. Platon condamne, exactement comme Aristophane dans les Nuées, cette époque parce que ses discours sont vides de sens et vides de vérité. Aristophane mettra, par contre, Socrate dans le même panier: lui aussi un logographe.
C’est toute l’ambiguïté du rapport à l’écriture qui va faire l’objet de la suite du dialogue. Phèdre nous dit pour l’instant que les politiciens, les gens de pouvoir, critiquent Lysias parce qu’il écrit des discours. C’est évidemment aussi la critique que lui adresse Socrate. Mais cette affirmation est fausse, comme Socrate montrera.
Lysias va en effet suivre l’amour des honneurs, et les honneurs viennent du monde politique, mais ce monde, loin de condamner l’écriture des discours, l’apprécie particulièrement.