In Platonis Phaedrum Scholia: 256e4-257a1
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Σωκράτης
ἡ δὲ ἀπὸ τοῦ μὴ ἐρῶντος οἰκειότης, σωφροσύνῃ θνητῇ κεκραμένη, θνητά τε καὶ φειδωλὰ οἰκονομοῦσα, ἀνελευθερίαν ὑπὸ πλήθους ἐπαινουμένην ὡς ἀρετὴν τῇ φίλῃ ψυχῇ ἐντεκοῦσα, ἐννέα χιλιάδας ἐτῶν περὶ γῆν κυλινδουμένην αὐτὴν καὶ ὑπὸ γῆς ἄνουν παρέξει.
Socrate
Mais la fréquentation de quelqu'un qui ne t'aime pas, mélangé à de la sagesse mortelle, en donnant des biens mortels et avares, dans l'âme aimée met des sentiments indignes d'un homme libre, loués par les plus comme s'ils étaient une vertu, et elle lui vaut de rouler pendant neuf mille ans autour de la terre et sous la terre, dépourvue d'intellect.
Platon, Phèdre, 256e4-257a1
L’amour a toujours et seulement des effets positifs, alors que se donner à quelqu’un qui ne nous aime pas ne peut qu’avoir des effets négatifs. Socrate conclut son discours en renversant la thèse des discours précédents et en la ridiculisant. Elle pouvait sembler brillante, originale et paradoxale, mais elle est juste fausse.
L’amour est divin et sans amour les être humains ne sont que des mortels (θνητός). Leur sagesse - c’est le sens qu’a ici le mot σωφροσύνη - ne sera qu’une petite sagesse d’être humain, qui n’a rien à voir avec la véritable sagesse divine. Le non amoureux ne pourra donc que donner des bien mesquins, humains, petits, mortels.
Ce non amoureux mettra lui aussi quelque chose dans l’âme du non aimé, mais cela sera de l’ἀνελευθερία, des choses qui ne sont pas dignes d’un homme libre et donc des sentiments d’esclave. On est ici devant une espèce de comparaison proportionnelle: ce qui est divin est à ce qui est humain ce qui est propre d’un homme libre est à ce qui caractérise les esclaves. Ce qui est humain, en effet, est ici ce qui retient l’âme sur la terre, dans le monde sensible. Le non amour - et donc la fréquentation dont le but est juste le plaisir, sans amour - fera augmenter des sentiments typiquement humains - l’amour pour les honneurs, par exemple - qui, en tant que tels sont même appréciés par la plupart des gens, mais qui, en réalité, ne permettront pas à l’âme de s’émanciper. L’âme restera sur terre, ou même sous terre, sans intellect (ἄνοος).