In Platonis Phaedrum Scholia: 255d8-10

ἀντέρως, ὀδύνη, εἴδωλον

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Σωκράτης
καὶ ὅταν μὲν ἐκεῖνος παρῇ, λήγει κατὰ ταὐτὰ ἐκείνῳ τῆς ὀδύνης, ὅταν δὲ ἀπῇ, κατὰ ταὐτὰ αὖ ποθεῖ καὶ ποθεῖται, εἴδωλον ἔρωτος ἀντέρωτα ἔχων:

Socrate
Et lorsque celui-là est là, sa souffrance cesse comme aussi chez l'amoureux, lorsqu'il est absent, pour les mêmes raisons il désire et est désiré, car il a une image de l'amour, un contre-amour.

Platon, Phèdre, 255d8-255d10

L’aimé est donc envahi par un sentiment qui ressemble en tout à celui éprouvé par l’amoureux. L’amour est un besoin de l’autre qui fait qu’on souffre de l’absence, comme dans le cas d’un manque de nourriture. Il est intéressant de souligner la tournure négative: Socrate ne dit pas que lorsque l’amoureux est présent l’aimé est heureux, mais que lorsqu’il est absent il souffre et que sa souffrance (ὀδύνη) cesse avec la présence. L’amour dans ce sens met en place un véritable besoin. Ce n’est pas juste un désir, mais une nécessité qui, si elle n’est pas satisfaite, provoque de la douleur.

Or ce sentiment de l’aimé n’est pas à proprement parler de l’amour, car il ne vient pas de lui, mais il n’est que le reflet de l’amour de l’amoureux. La structure du miroir est reprise ici avec la notion de εἴδωλον: l’image de l’amour de l’autre, son icône réfléchie dans le miroir. Cet amour est donc un amour-reflet, un amour de retour, un contre-amour: ἀντέρως

ἀντέρως, ὀδύνη, εἴδωλον scholia