In Platonis Phaedrum Scholia: 255c5-8
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Σωκράτης
καὶ οἷον πνεῦμα ἤ τις ἠχὼ ἀπὸ λείων τε καὶ στερεῶν ἁλλομένη πάλιν ὅθεν ὡρμήθη φέρεται, οὕτω τὸ τοῦ κάλλους ῥεῦμα πάλιν εἰς τὸν καλὸν διὰ τῶν ὀμμάτων ἰόν,
Socrate
Comme un souffle de vent ou comme un écho qui rebondit sur des surfaces lisses et dures et qui revient à nouveau à son point de départ, de la même manière, le flux de beauté rebondit à nouveau vers le beau garçon et rentre à travers les yeux.
Platon, Phèdre, 255c5-255c8
La description devient très littéraire et poétique ici. Il était jusque là question de ἵμερος et la métaphore était donc bâtie sur l’écoulement des liquides. Mais c’est comme si cette métaphore n’était pas suffisante pour représenter le mouvement de la vague de désir déterminée par l’amour. On passe ainsi au souffle et ensuite à l’écho: l’amour qui a affecté l’amoureux rebondit jusqu’à saisir aussi l’aimé.
Le désir amoureux est considéré comme quelque chose de matériel, une série de particules qui sortent de la beauté de l’aimé, frappent et remplissent l’amoureux, débordent, rebondissent et reviennent au point de départ en frappant de retour l’aimé lui-même qui devient donc aussi amoureux.
Ces particules passent toujours par les yeux. C’est un topos amoureux qui traverse l’histoire: on le retrouve dans le dolce stil novo et dans les analyses de l’amour d’Andrea Cappellano, que l’on pense au poème de Guido Cavalcanti: “Voi che per li occhi mi passaste ’l core”.
L’amour passe par les yeux, et les yeux sont aussi les organes du savoir, c’est ce qui permet à Platon de donner à l’amour la fonction de principe premier d’apprentissage.