In Platonis Phaedrum Scholia: 255b3-8
Billet précédentLire les autres billets de la série
Σωκράτης
προσεμένου δὲ καὶ λόγον καὶ ὁμιλίαν δεξαμένου, ἐγγύθεν ἡ εὔνοια γιγνομένη τοῦ ἐρῶντος ἐκπλήττει τὸν ἐρώμενον διαισθανόμενον ὅτι οὐδ᾽ οἱ σύμπαντες ἄλλοι φίλοι τε καὶ οἰκεῖοι μοῖραν φιλίας οὐδεμίαν παρέχονται πρὸς τὸν ἔνθεον φίλον.
Socrate
Une fois qu'il a accepté et accueilli la conversation et l'intimité, la nouvelle bienveillance de l'amant trouble l'aimé qui se rend compte que ni tous les autres amis ni sa famille n'apportent ne serait ce qu'une petite partie d'amitié par rapport à l'ami possédé par le dieu.
Platon, Phèdre, 255b3-255b8
L’εὔνοια de l’amoureux abat (ἐκπλήσσω) l’aimé. Étrange affirmation. Une fois que l’aimé a dépassé les préjugés communs et qu’il a accepté de se faire approcher par l’amoureux, il y a une εὔνοια qui naît, une bienveillance, une attention positive de la part de l’amoureux. Cette attention et cette bienveillance ont un effet destructeur sur l’aimé: elles le troublent.
Ce trouble dérive probablement du fait que l’aimé perd ses repères, il s’éloigne du νόμος qui le poussait à croire que les amoureux sont dangereux. L’amour trouble donc aussi l’aimé. Ce trouble est le véritable point de départ d’un amour retourné: l’aimé commence, lui aussi, à tomber amoureux.
Ce que la proximité de l’amoureux commence à faire comprendre à l’aimé c’est qu’il n’y a rien de plus précieux que l’amour et que donc l’amoureux lui apporte plus que n’importe qui d’autre.