In Platonis Phaedrum Scholia: 255b1-2

μείρομαι, Μοῖρα, μέρος, άγαθός

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Σωκράτης
οὐ γὰρ δήποτε εἵμαρται κακὸν κακῷ φίλον οὐδ᾽ ἀγαθὸν μὴ φίλον ἀγαθῷ εἶναι.

Socrate
Il n'est pas possible qu'un méchant soit prédestiné à être ami d'un méchant et qu'un gentil ne soit pas ami d'un gentil.

Platon, Phèdre, 255b1-255b2

L’amour entre l’amoureux et l’aimé est nécessaire: c’est ce qu’on veut démontrer. Le verbe utilisé ici renvoie au destin: μείρομαι. Le verbe vient du mot μέρος, partie, et fait référence au fait de recevoir une partie, obtenir en partage. C’est ce qui arrive lorsqu’on partage un gain et c’est ce que fait la Μοῖρα (le mot est encore lié à μέρος), le Destin: elle partage parmi les êtres vivants ce qu’il y a et chacun reçoit du partage sa propre vie.

Parmi le choses que le Destin partage entre les êtres humains, il y a l’amitié. Et ici le Destin n’est pas aveugle, mais il suit des règles: l’amitié est incompatible avec la méchanceté, ce qui fait que deux méchants ne peuvent pas être amis. Mais cette nécessité est inversée dans le cas des vertueux, les ἁγαθοί: les vertueux sont donc amis.

Ce qui n’est pas clair dans cette affirmation est si l’amitié entre personnes vertueuses est nécessaire comme est nécessaire la non amitié entre les non vertueux.

Dans cette formulation il semblerait qu’il y a effectivement une nécessité. Mais cela signifierait que tous les vertueux sont amis entre eux, ce qui ne serait pas du tout utile par rapport à ce qu’on veut démontrer ici: il s’agit en effet de démontrer qu’un aimé retournera l’amour. Il faut donc comprendre que, si l’amitié entre méchants est impossible, l’amitié entre personnes vertueuses est possible. Mais encore une fois cette affirmation ne nous aide pas particulièrement: la possibilité de l’amitié n’implique pas l’amitié.

Il nous faut donc d’autres arguments.

μείρομαι, Μοῖρα, μέρος, άγαθός scholia