In Platonis Phaedrum Scholia: 254e9-10

δείδω, αἰδέομαι, transcendance

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Σωκράτης
ὥστε συμβαίνει τότ᾽ ἤδη τὴν τοῦ ἐραστοῦ ψυχὴν τοῖς παιδικοῖς αἰδουμένην τε καὶ δεδιυῖαν ἕπεσθαι.

Socrate
Il arrive ainsi que l'âme de l'amoureux suit l'âme de l'aimé avec pudeur et crainte.

Platon, Phèdre, 254e9-254e10

La métaphore nous a conduit loin. Nous avons presque oublié de quoi elle est la métaphore. Nous avons été submergés par les images des chevaux et du cocher, pris dans leur bataille. Mais voilà qu’on arrive à la conclusion et qu’on sort de la métaphore. On revient à l’âme de l’amoureux et à l’effet final de l’amour: la pudeur (αἰδέομαι) et la crainte (δείδω)

Nous pouvons résumer tout ce qui se passe en quelques mots: à la vue de l’aimé, l’amoureux est pris par une série de sentiments contradictoires, mais finalement, s’il s’agit vraiment d’amour, la pudeur et la crainte prédominent.

Tout ce discours est une méthode pour distinguer l’amour d’autres sentiments: si l’attraction physique prévaut, si le désir est plus fort que la tempérance, ce n’est pas de l’amour. Dans le cas de l’amour, le désir est bien évidemment présent, mais il n’est pas la seule composante, ni la plus puissante: la vénération de l’aimé est aussi là et c’est cette composante qui fait signe à la dimension plus proprement métaphysique de l’amour. Car la vénération dérive du fait que l’amour produit un pont avec la transcendance.

δείδω, αἰδέομαι, transcendance scholia