In Platonis Phaedrum Scholia: 253a6-10
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Σωκράτης
καὶ τούτων δὴ τὸν ἐρώμενον αἰτιώμενοι ἔτι τε μᾶλλον ἀγαπῶσι, κἂν ἐκ Διὸς ἀρύτωσιν ὥσπερ αἱ βάκχαι, ἐπὶ τὴν τοῦ ἐρωμένου ψυχὴν ἐπαντλοῦντες ποιοῦσιν ὡς δυνατὸν ὁμοιότατον τῷ σφετέρῳ θεῷ.
Socrate
et en en attribuant la cause à leur aimé, ils l'aiment encore plus, et bien qu'ils aient puisé cela de Zeus, comme les Bacchantes, ils le reversent dans l'âme de l'aimé et ils la forment, dans la mesure du possible, identique à celle de leur dieu.
Platon, Phèdre, 253a6-253a10
D’une part donc l’amour nous fait revenir à notre propre essence: dans ce sens l’amour améliore celui qui aime qui retrouve dans l’aimé les traits essentiels de son propre dieu. D’autre part l’amour améliore l’aimé.
On retrouve ici la structure des discours précédents inversée. Lysias et Socrate, dans son premier discours, avaient affirmé que l’amour endommage l’amoureux et l’aimé; ici on veut démontrer le contraire. L’amour améliore celui qui aime, mais aussi l’aimé. C’est ce dispositif qui est expliqué ici.
En effet, l’amoureux attribue à l’aimé la responsabilité de son propre processus d’amélioration. C’est l’aimé qui lui a fait avoir le souvenir du dieu, c’est donc l’aimé qui est la cause de son rapprochement de sa véritable nature. Si l’aimé est identifié comme la cause d’un bien, l’amoureux l’aimera davantage.
En réalité l’aimé n’a pas ce mérite: ou du moins il ne s’agit que d’un mérite indirecte. Le véritable responsable est le dieu lui-même. C’est du dieu - et dans ce premier cas de Zeus - qu’on ‘puise’ (ἀρύω) cette richesse. Mais on la reverse (ἐπαντλέω) dans l’aimé. Comme une espèce de loi des vases communicants, le bien coule dans le contexte amoureux. Il rempli l’amoureux qui le puise, comme dans un puis, chez son dieu. Mais cette liquide précieuse est ensuite versée à nouveau dans l’aimé.
Dans tout cela il est important de revenir à l’enthousiasme et à sa signification: l’individu n’est jamais le producteur de bien - ou de pensée. Ce sont les dieux les responsables. Ce qui arrive au moment de l’amour est que nous sommes remplis, envahis par les dieux. La métaphore du liquide est donc fondamentale, car elle va dans le sens d’une production de la pensée qui n’est pas humaine.