In Platonis Phaedrum Scholia: 249c4-7

διάνοια, φιλόσοφος, μνήμη, pensée non humaine

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Σωκράτης
διὸ δὴ δικαίως μόνη πτεροῦται ἡ τοῦ φιλοσόφου διάνοια: πρὸς γὰρ ἐκείνοις ἀεί ἐστιν μνήμῃ κατὰ δύναμιν, πρὸς οἷσπερ θεὸς ὢν θεῖός ἐστιν.

Socrate
Pour cette raison, il est juste que seule l'intelligence du philosophe est ailée: avec sa mémoire, en effet, il se concentre toujours le plus possible sur les choses la concentration sur lesquelles rend les dieux divins.

Platon, Phèdre, 249c4-249c7

Le philosophe revient, comme pour justifier la hiérarchie au sommet de laquelle on l’a placé. Le philosophe est celui qui s’exerce le plus à passer du particulier à l’universel, voilà ce qui le rend différent. Sa faculté de compréhension, son intelligence, sa pensée (διάνοια) se dédie constamment à cette activité.

Ce passage du particulier à l’universel est plus précisément un exercice de mémoire: μνήμη. Il n’y a rien de créatif dans la recherche des universaux: il ne s’agit pas pour le philosophe de développer une pensée originale: la διάνοια est ailée lorsqu’elle fait effort de mémoire, pour se rappeler de ce qu’elle a vu. Encore une fois: la pensée, l’intelligence, la compréhension viennent de l’extérieur; l’individu n’y est pour rien.

Le philosophe se rapproche des dieux parce qu’il arrive à se rappeler de ce qu’il a vu lorsqu’il était à la suite d’eux: ce spectacle de l’Être qui se révèle est justement ce qui rend les dieux divins.

Pour revenir à nos réseaux de neurones: la compréhension de l’universel n’est pas seulement ce qui pourrait rendre une machine égale aux êtres humains, c’est plutôt ce qui la rendrait égale aux dieux. On voit bien, encore une fois, qu’il y va de la définition même de ce qu’est un être humain et des frontières qui le séparent d’autres choses qui ne seraient pas humaines, que cela soit des animaux, des automates, des ordinateurs…

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