In Platonis Phaedrum Scholia: 249a6-b1
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Σωκράτης
αἱ δὲ ἄλλαι, ὅταν τὸν πρῶτον βίον τελευτήσωσιν, κρίσεως ἔτυχον, κριθεῖσαι δὲ αἱ μὲν εἰς τὰ ὑπὸ γῆς δικαιωτήρια ἐλθοῦσαι δίκην ἐκτίνουσιν, αἱ δ᾽ εἰς τοὐρανοῦ τινα τόπον ὑπὸ τῆς Δίκης κουφισθεῖσαι διάγουσιν ἀξίως οὗ ἐν ἀνθρώπου εἴδει ἐβίωσαν βίου.
Socrate
Les autres, au contraire, une fois qu'ils finissent leur première vie, sont jugés et une fois jugés certains vont payer leur peine dans les prisons sous la terre, d'autres, haussés par la Justice dans quelques lieux céleste ils s'y conduisent dignement comme ils ont vécu leur vie en forme d'homme.
Platon, Phèdre, 249a6-249b1
Voilà ce qui se passe dans les mille ans: une vie et puis le jugement et la récompense ou la peine. La métaphore du haut et du bas pour représenter le bien et le mal revient: ceux qui se sont comporté mal dans leur vie vont payer dans des prisons souterraines, ceux qui se sont comporté bien iront en haut, dans le ciel où ils continueront à vivre dignement comme dans leur vie humaine.
La fonction de la peine et de la récompense n’est pas explicitée. À quoi sert de punir les méchants? Ils ne vont rien apprendre et rien voir dans leurs prisons. Mais aussi: à quoi sert la récompense pour les gentils?
Il faut se rappeler qu’on est là dans le cadre de la nécessité absolue: il ne s’agit pas vraiment de punitions et récompenses, mais plutôt de réactions inévitables. L’ordre est cassé et il va se récréer nécessairement. La protagoniste absolue de ce mécanisme est δίκη, la justice. C’est une justice qui consiste à rétablir l’ordre. δίκη est la loi naturelle - presque physique, on pourrait dire - qui détermine la tendance naturelle du monde à revenir à un état d’équilibre après une perturbation.
Et en effet qu’il s’agisse de payer ou d’être récompensé, c’est de δίκη qu’il est question. Payer sa peine se dit: δίκην ἐκτίνω, littéralement “payer justice”. Et, en ce qui concerne la récompense, elle est donnée ὑπὸ τῆς Δίκης, par la Justice.