In Platonis Phaedrum Scholia: 248d4

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Platon, Phèdre, 248d4-248d4

Apparaît l’adjectif fondamental pour tout le discours. On l’avait presque oublié: il s’agit d’un discours sur l’amour. Depuis plusieurs pages Socrate - on l’avait oublié, Socrate aussi - revient au thème qui devait être au centre de l’argumentation et qui semblait avoir été mis de côté. Les premiers deux discours n’avaient jamais lâché leur sujet: les mots ἐραστής, ἐρώμενος, ἔρως revenaient sans arrêt, dans chaque phrase. Ici on s’en est progressivement éloigné.

La théorie s’éloigne, s’abstrait. Nous avons oublié où nous sommes, nous avons oublié Socrate, nous suivons Platon dans l’hyperouranion, dans la théorie pure. Comme dans un rêve, on se retrouve dans un monde parallèle où tout ce qui semblait conter avant a disparu. Où est Phèdre? Où est la tension sensuelle et sexuelle qui avait été au centre de toutes les répliques précédentes? Où est l’amour, qui devait être le sujet central de la discussion?

Le revoici, au détour d’une phrase, sans que Platon - ou Socrate - lui dédie une attention particulière. Pourtant ce mot est central: les êtres humains en haut de la hiérarchie sont des philosophes, des amoureux du beau, des amoureux de la culture… ou en tout cas… des amoureux. En effet, l’amour était présent dans les trois premières catégories: il est question d’aimer la sagesse, d’aimer le beau, d’aimer les Muses. Mais le terme grec pour exprimer ce type d’amour est φιλέω et l’ἔρως ne semble pas particulièrement présent dans l’affection pour le savoir. Mais l’ajout de cet adjectif, ἐρωτικός, change tout. Il est donc encore question d’amour, d’attraction, de désir, de sensualité. Socrate réapparaît, le monde autour aussi, la théorie laisse la place à l’expérience, tout redevient concret en l’espace d’un mot. Le monde sensible se réaffirme, la matérialité est à nouveau la protagoniste absolue. En l’espace d’un mot, car cela va tout de suite disparaître à nouveau. Mais ce mot est l’ἐξαίφνης du Parménide. C’est l’instant du passage du repos au mouvement. C’est le réel.