In Platonis Phaedrum Scholia: 248c6-d1
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Σωκράτης
ὅταν δὲ ἀδυνατήσασα ἐπισπέσθαι μὴ ἴδῃ, καί τινι συντυχίᾳ χρησαμένη λήθης τε καὶ κακίας πλησθεῖσα βαρυνθῇ, βαρυνθεῖσα δὲ πτερορρυήσῃ τε καὶ ἐπὶ τὴν γῆν πέσῃ, τότε νόμος ταύτην μὴ φυτεῦσαι εἰς μηδεμίαν θήρειον φύσιν ἐν τῇ πρώτῃ γενέσει,
Socrate
Lorsque, incapable de suivre, ne voit pas, et lorsque, à cause de quelque coïncidence, remplie par l'oubli et les maux elle s'alourdit et à cause de ce poids elle perd les ailes et tombe par terre, alors la loi est que cette âme ne s'implante dans aucune nature bestiale dans la première génération,
Platon, Phèdre, 248c6-248d1
Que se passe-t-il pour les âmes qui n’arrivent pas (ἀδυνατέω) à suivre (ἐφέπω)? Elles n’ont pas vu la vérité, elles n’ont donc pas eu de nourriture pour leurs ailes et elles les perdent. Pourquoi cela arrive on ne le sait pas vraiment. Cela reste un point obscure de toute l’argumentation. Qu’est-ce qui détermine la hiérarchie des âmes? De quoi dépend le fait que certaines arrivent à suivre le dieu et d’autres non? Que veut dire que certaines ont de bons chevaux et d’autres des mauvais? On l’ignore. C’est juste ainsi. C’est peut-être aussi la dure loi inévitable. Mais pourquoi? D’où vient le mal?
C’est une question métaphysique à laquelle Platon a de la difficulté à répondre, évidemment. Ici il reste très vague: il utilise l’indéfini (τις): à cause de quelque disgrâce (συντυχία). Le mot συντυχία est composé par συν et τύχη. τύχη signifie fortune, chance. Donc la συντυχία est une coïncidence, une circonstance qui survient à cause de la concomitance des hasards.
Par un hasard dû à une série de circonstances qui convergent, donc, certaines âmes sont affligées par l’oubli et par d’autres maux. Et c’est le poids de ces maux qui les alourdit et qui les fait tomber.
Mais la chute est progressive. On ne tombe pas tout de suite au plus bas. Ici se précise la hiérarchie: les bêtes sont tout en bas de l’échelle - cela semble naturel à Platon, comme toute sa hiérarchie qui n’est jamais justifiée, juste affirmée. Et donc l’âme ne s’implantera pas dans un animal, mais d’abord tout en haut de la hiérarchie, dans le meilleur des animaux: l’être humain. Et, comme on le verra, dans le meilleur des êtres humains…