In Platonis Phaedrum Scholia: 247e8

βίος

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Σωκράτης
καὶ οὗτος μὲν θεῶν βίος:

Socrate
Et celle-ci est la vie des dieux.

Platon, Phèdre, 247e8-247e8

La vie des dieux. Il est nécessaire de se la représenter d’une manière ou d’une autre, même si elle n’est pas représentable. Platon essaie de l’éloigner de la vie humaine, il se détache des représentations anthropomorphes des dieux données par les poètes et il essaie d’en comprendre la forme pure. La géométrie l’aide: les révolutions circulaires des dieux autour de l’univers signifient justement cela: une perfection purement formelle et mathématique, c’est ce qu’il y a de plus proche pour nous autres mortels afin de comprendre ce que nous ne pouvons pas comprendre. Cette distance de l’humain implique l’immatérialité.

Peut-être l’aspiration de Platon - Socrate est loin désormais, on ne perçoit plus vraiment sa présence - serait-elle de dire l’immatérialité totale et absolue. Ici, peut-être la vie des dieux devrait être justement l’absence totale et absolue de matière. Mais ce n’est pas le cas. La vie des dieux reste bien une vie (βίος), avec toute sa matérialité, pour autant que cette matérialité puisse être autre par rapport à celle des êtres humains. Ils vivent. Comme des animaux, finalement. Et ils sont des animaux, vu que, justement, ils ont une âme. Il est donc finalement question d’une sorte de biologie divine: ils mangent, ils font des efforts, ils se reposent.

La biologie divine empêche l’immatérialité pure. Le non anthropomorphisme se manifeste en tant que matérialité autre, mais non comme immatérialité. Est-ce par manque de capacité théorique que Platon finit par admettre cette forme de matérialité? Parce que c’est impossible d’aller plus loin dans l’immatérialité pour un être humain? Ou parce que finalement, métaphysiquement, matérialité et immatérialité restent toujours liées?

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