In Platonis Phaedrum Scholia: 246e4-247a4

κόσμος, τάξις

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Σωκράτης
ὁ μὲν δὴ μέγας ἡγεμὼν ἐν οὐρανῷ Ζεύς, ἐλαύνων πτηνὸν ἅρμα, πρῶτος πορεύεται, διακοσμῶν πάντα καὶ ἐπιμελούμενος: τῷ δ᾽ ἕπεται στρατιὰ θεῶν τε καὶ δαιμόνων, κατὰ ἕνδεκα μέρη κεκοσμημένη. μένει γὰρ Ἑστία ἐν θεῶν οἴκῳ μόνη: τῶν δὲ ἄλλων ὅσοι ἐν τῷ τῶν δώδεκα ἀριθμῷ τεταγμένοι θεοὶ ἄρχοντες ἡγοῦνται κατὰ τάξιν ἣν ἕκαστος ἐτάχθη.

Socrate
Zeus, le suprême seigneur en ciel, en portant l'attelage ailé, passe en premier, en ordonnant et en prenant soin de tout; le suit l'armée des dieux et des démons, ordonnée en onze parties. Hestia reste seule dans la demeure des dieux: tous les autres dieux qui, en nombre de douze, ont été désignés comme chefs conduisent selon l'ordre assigné à chacun.

Platon, Phèdre, 246e4-247a4

Que raconte cette métaphore? Ce cercle des dieux qui conduisent chacun leur attelage est une représentation du cortège des immortels avec leurs âmes? Une métaphore cosmologique?

Certains critiques essayent de trouver une correspondance entre les douze dieux et douze objets célestes (le système solaire? Hestia est en effet la terre). D’autres pensent plutôt aux signes zodiacaux. Mais probablement peu importe. Socrate hésite dans son discours. Il a affirmé qu’on ne peut pas parler de ce qui est immortel. Maintenant, après avoir dit qu’il se serait dédié à analyser la raison de la perte des ailes, il dessine ce tableau métaphysique.

L’image a une grande force. Nous les voyons, ces onze dieux, l’un après l’autre. Le langage militaire renvoie à l’ordre: l’armée (στρατιὰ) des dieux, Zeus qui est le chef (ἡγεμὼν) et qui justement veille à l’ordre (διακοσμῶν πάντα), l’armée est ordonnée (κεκοσμημένη) en onze parties. Le mot κόσμος revient dans plusieurs verbes. Ensuite le mot τάξις, encore une fois, ordre, mise en ordre, lié au verbe τάσσω, mettre en ordre. L’ordre est la clé pour la compréhension des immortels. L’ordre est la structure logique de cette métaphore. L’ordre est ce qui reste, hors métaphore, dans la réalité ontologique de ce qu’on décrit. Le monde, l’univers, le cosmos sont structurés de façon ordonnée. L’ordre mathématique est l’âme du monde.

κόσμος, τάξις scholia