In Platonis Phaedrum Scholia: 246d6-e3
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Σωκράτης
πέφυκεν ἡ πτεροῦ δύναμις τὸ ἐμβριθὲς ἄγειν ἄνω μετεωρίζουσα ᾗ τὸ τῶν θεῶν γένος οἰκεῖ, κεκοινώνηκε δέ πῃ μάλιστα τῶν περὶ τὸ σῶμα τοῦ θείου ψυχή, τὸ δὲ θεῖον καλόν, σοφόν, ἀγαθόν, καὶ πᾶν ὅτι τοιοῦτον: τούτοις δὴ τρέφεταί τε καὶ αὔξεται μάλιστά γε τὸ τῆς ψυχῆς πτέρωμα, αἰσχρῷ δὲ καὶ κακῷ καὶ τοῖς ἐναντίοις φθίνει τε καὶ διόλλυται.
Socrate
La fonction naturelle de l'aile est de pousser vers le haut ce qui est lourd en le faisant voler là où habite la race des dieux et d'une certaine manière l'âme participe de ce qui est divin plus que les autres choses qui concernent le corps; ce qui est divin est beau, sage et bon et toutes les autres vertus de ce type; l'aile de l'âme se nourrit et s'enrichit justement de ces choses, tandis que ce qui est honteux et laid et toutes les caractéristiques contraires la consomme et la perd.
Platon, Phèdre, 246d6-246e3
La métaphore sert maintenant à expliquer la nature de l’âme et aussi à analyser les raisons de sa chute. L’aile (πτερόν) est ce qui permet à l’âme de voler. La métaphore de fond est celle de la relation entre haut et bas. Comme souvent dans le cas de ce type d’oppositions, il ne s’agit pas simplement de deux pôles; ce qui est important n’est pas tellement le deux, mais le un auquel ce deux renvoie: il s’agit en effet de deux pôles hiérarchisés. Le haut est le pôle positif et le bas est le pôle négatif. Le dualisme cache en réalité un monisme beaucoup plus puissant. C’est le un du beau, bon, sage, haut, ailé qui régit l’univers, c’est cette unité qui structure la logique et la métaphysique. La dualité n’est qu’un manque, une chute - justement - une perte.
La division de tout en deux est ici très explicite et presque caricaturale: d’une part les hauteurs où habitent les dieux, caractérisées par ce qui est καλόν (beau), σοφόν (sage), ἀγαθόν (bon) et toutes les autres qualités de ce type; de l’autre ce qui est αἰσχρός (honteux) et κακός (laid, mauvais).
Les choses divines et bonnes élèvent et font voler, elles poussent donc vers le haut (ἄγειν ἄνω). L’aile de l’âme s’en nourrit (τρέφω) et grandit, s’augmente (αὐξάνω) grâce à elles; car l’aile c’est ce qui dans l’âme porte vers le haut. Tout ce qui appartient au pôle opposé à l’effet inverse. C’est le bas qui attire vers le bas.