In Platonis Phaedrum Scholia: 246d3-5
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Σωκράτης
ἀλλὰ ταῦτα μὲν δή, ὅπῃ τῷ θεῷ φίλον, ταύτῃ ἐχέτω τε καὶ λεγέσθω: τὴν δὲ αἰτίαν τῆς τῶν πτερῶν ἀποβολῆς, δι᾽ ἣν ψυχῆς ἀπορρεῖ, λάβωμεν. ἔστι δέ τις τοιάδε.
Socrate
Ces choses donc, qu'on les conçoive et qu'on en parle ainsi comme cela plaît au dieu: maintenant occupons-nous de la cause de la perte des ailes qui les fait détacher de l'âme. Cela se passe plus ou moins ainsi.
Platon, Phèdre, 246d3-246d5
Presque comme une prière, voici la conclusion de Socrate à propos des choses immortelles. Il est curieux de trouver cette limite épistémologique ici, dans un des dialogues les plus métaphysiques de Platon. Tout d’un coup on a l’impression d’entendre Wittgenstein: ce dont on ne peut parler, il faut le taire. Cette pudeur de Platon est au cœur du discours sur l’âme et le prélude à la métaphore des dieux conduisant les attelages. Cela signifie à la fois qu’on ne parlera que de ce que les mortels peuvent saisir et que ce sont les dieux qui devront nous guider.
Les êtres humains ne sont pas les producteurs de la pensée; cela a déjà été affirmé plusieurs fois. La pensée vient des dieux, ou d’autre chose. Mais ici on dit aussi que les êtres humains ne peuvent pas comprendre. Même la compréhension est ailleurs, et il faut l’aide et la volonté de forces extérieures pour pouvoir comprendre.
Le sujet qui suit sera justement cette différence entre dieux et êtres humains: la perte des ailes. Et même de cette perte on ne peut pas vraiment connaître la raison. On peut en avoir une idée approximative, comme le dit le ἔστι δέ τις τοιάδε: c’est plus ou moins ainsi.