In Platonis Phaedrum Scholia: 246a7-8
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Σωκράτης
ἐοικέτω δὴ συμφύτῳ δυνάμει ὑποπτέρου ζεύγους τε καὶ ἡνιόχου.
Socrate
L'âme ressemble donc à la puissance naturelle d'un attelage ailé et d'un cocher.
Platon, Phèdre, 246a7-246a8
Le verbe ἐοικέτω est en réalité un impératif: “que l’âme ressemble donc…”. Dans d’autres versions du texte le verbe est mis à l’indicatif ἔοικε. Mais il me semble intéressant de considérer le sens que donne ici l’impératif: l’âme ne ressemble pas à… mais nous faisons comme si elle ressemblait, car seulement ainsi nous serons capables de comprendre comment elle est faite. La métaphore imagée n’est pas dans la nature de l’âme, mais elle peut être utile à la compréhension.
L’image est celle d’une puissance: δύναμις. Est-ce vraiment une image? Est-ce qu’une puissance est une image? L’image est évidemment celle de l’attelage, mais la puissance n’est pas une image. L’âme est en effet une puissance: la puissance du mouvement. Donc jusqu’ici nous ne sommes pas vraiment dans la métaphore. La métaphore est une autre: celle qui met en relation la puissance de l’âme - donc sa capacité d’agir en tant que force, en tant que principe de mouvement - avec la puissance d’un attelage.
La puissance est σύμφυτος: de la même nature. Ici le terme signifie qu’on va prendre la puissance dans l’ensemble de sa nature qui est pourtant double. Double comme l’attelage, car le mot ζεῦγος signifie plus précisément attelage de deux animaux. Donc on prend la puissance qui résulte de deux forces. Ici Platon nous propose quelque chose qui ressemble à une somme vectorielle: deux vecteurs (les deux animaux) qui ont une somme totale, la puissance totale qui dérive de l’addition des deux forces.
Mais sont-elles deux? En réalité il y en a au moins une troisième: le cocher. Et peut-être aussi une quatrième: les ailes.
Cette première image est donc finalement très complexe: l’âme est une puissance qui ressemble à une force composite. Il faut donc examiner les différentes forces qui composent cette puissance totale pour comprendre la puissance résultante finale.