In Platonis Phaedrum Scholia: 245d8-e2
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Σωκράτης
οὕτω δὴ κινήσεως μὲν ἀρχὴ τὸ αὐτὸ αὑτὸ κινοῦν. τοῦτο δὲ οὔτ᾽ ἀπόλλυσθαι οὔτε γίγνεσθαι δυνατόν, ἢ πάντα τε οὐρανὸν πᾶσάν τε γῆν εἰς ἓν συμπεσοῦσαν στῆναι καὶ μήποτε αὖθις ἔχειν ὅθεν κινηθέντα γενήσεται.
Socrate
Donc le principe du mouvement est ce qui se meut tout seul. Il n'est pas possible que ce principe meure, ni qu'il naisse, autrement tout le ciel et toute la terre, en se confondant, s'arrêteraient et ne pourraient plus avoir quelque chose qui génère leur mouvement.
Platon, Phèdre, 245d8-245e2
Voici donc la conclusion: le principe est ce qui génère son propre mouvement. Socrate propose ici le résumé des argumentations précédentes: le principe est éternel car il est la seule cause possible de mouvement; s’il n’était pas là, donc, tout s’arrêterait.
Dans les manuscrits il y a une variante: au lieu que πᾶσάν τε γῆν εἰς ἓν συμπεσοῦσαν certains lisent πᾶσάν τε γένεσιν συμπεσοῦσαν: le ciel et tout ce qui est généré, en tombant en ruine…
Mais cela ne change pas grande chose au fond de l’argument qui reste boiteux. Rien ne dit dans ces arguments que le principe premier est aussi le seul principe possible et donc la démonstration de son éternité reste à faire.
En même temps, la référence au ciel et à la terre peut nous donner une piste pour donner un peu plus de force à l’idée de l’éternité du principe premier: la question de la conservation du mouvement. Cette question n’est pas touchée mais on peut peut-être la présumer: un mouvement généré est destiné à disparaître. Cette idée - qui est niée par la physique newtonienne, basée sur l’idée de la conservation du mouvement - correspond à l’expérience que nous avons du mouvement: lorsque nous donnons du mouvement à quelque chose, ce mouvement a une durée mais il finit. Pour qu’une chose continue à bouger, il faut d’autres impulsions de mouvement. C’est peut-être ce que veut dire ici Socrate. Si le principe premier disparaissait, il pourrait être la cause d’un mouvement qui lui survive, mais pas d’un mouvement éternel, car à la fin ce mouvement finirait.
Mais même cet argument n’est pas très fort. En effet: pourquoi l’hypothèse d’un affaissement (συμπίτνω) de terre et ciel devrait être écartée? Il est tout à fait possible que cela arrive suite à un épuisement de l’impulsion donnée par le principe premier… On ne peut pas déduire l,éternité du principe premier de la prétendue éternité du monde: c’est une petitio principii.