In Platonis Phaedrum Scholia: 243b10-c1
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Σωκράτης
καὶ γάρ, ὠγαθὲ Φαῖδρε, ἐννοεῖς ὡς ἀναιδῶς εἴρησθον τὼ λόγω, οὗτός τε καὶ ὁ ἐκ τοῦ βιβλίου ῥηθείς.
Socrate
Et en effet, bon Phèdre, tu sais à quel point les discours étaient sans pudeur, celui-ci et celui que tu as lu dans le livre.
Platon, Phèdre, 243b10-243c1
Il est malin, Socrate. Il feint ne pas avoir compris le sens de la réplique de Phèdre et il en détourne le sens. Phèdre vient de se réjouir du fait que Socrate est sur le point de prononcer un nouveau discours et il a complètement ignoré ses considérations sur l’horreur des discours précédents. Socrate fait semblant d’attribuer la joie de Phèdre à son accusation des discours précédents.
Phèdre est donc bon et il sait, il réfléchit (ἐννοέω). Il comprends que les deux discours ont parlé sans aucun sens de la pudeur - malgré le visage caché. Les deux discours sont mis sur le même plan, il n’y a en réalité aucune différence entre les deux. Si celui de Socrate a peut-être mieux su jouer avec les structures logiques, cela ne compte finalement pas beaucoup; ce qui compte est que les deux discours étaient sacrilèges.
Il est encore ici question du livre, βιβλίον, sur lequel le discours de Lysias était écrit. Le fait de mettre sur le même plan les deux discours lisse aussi cette autre différence - qui sera pourtant tellement importante à la fin du dialogue: peu importe si le discours est écrit ou pas, les deux sont impies et donc sont équivalents.