In Platonis Phaedrum Scholia: 242d3
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Φαῖδρος
λέγεις δὲ δὴ τί;
Phèdre
Dis donc, laquelle?
Platon, Phèdre, 242d3-242d3
Phèdre n’est pas devin, clairement. Il n’a pas été troublé par le discours de Socrate, il en a été enthousiaste, il l’a aimé, il l’a trouvé meilleur que celui de Lysias. Phèdre est un naïf. Son amour pour les discours est sincère et simple: il éprouve du plaisir à les écouter, il en veut de plus en plus, mais il n’est pas trop regardant par rapport à leur contenu. Ce qui compte - on pourrait dire - c’est la quantité.
Dans cette question, somme toute très banale, je ressens une sorte de surprise du jeune homme; il est habitué à des personnes qui font des compétitions de discours et qui à la fin de leur performance en sont fiers. Des personnes qui louent leur propre performance car ils doivent gagner. Le comportement de Socrate est donc surprenant: il dit avoir commis une faute. Mais laquelle donc? Socrate surenchérira pour déstabiliser complètement Phèdre.
Ici on commence à sortir de la zone de confort. Le bug de Socrate commence à affecter Phèdre aussi. Le cours normal des choses est rompu. Cette surprise de Phèdre est une surprise philosophique. Soulignons-le franchement: cette surprise n’a rien de positif. Phèdre est déstabilisé, mais cela n’est pas agréable. Le même vaut pour Socrate: troublé, bloqué, disfonctionnel.
La philosophie dérange. La philosophie complique les choses. La philosophie casse ce qui fonctionne. La philosophie déstabilise. La philosophie ne sert à rien.