In Platonis Phaedrum Scholia: 242c7-d2
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Σωκράτης
ὡς δή τοι, ὦ ἑταῖρε, μαντικόν γέ τι καὶ ἡ ψυχή: ἐμὲ γὰρ ἔθραξε μέν τι καὶ πάλαι λέγοντα τὸν λόγον, καί πως ἐδυσωπούμην κατ᾽ Ἴβυκον, μή τι παρὰ θεοῖς “ἀμβλακὼν τιμὰν πρὸς ἀνθρώπων ἀμείψω:” νῦν δ᾽ ᾔσθημαι τὸ ἁμάρτημα.
Socrate
Tu le sais, cher ami, l'âme aussi a un pouvoir divinatoire: quelque chose me troublait aussi depuis que j'avais commencé à prononcer le discours et j'avais peur comme le dit Ibycus qu'en pêchant contre un dieu je ne sois récompensé chez les hommes. Mais maintenant j'ai vu mon erreur.
Platon, Phèdre, 242c7-242d2
Socrate est devin, mais l’âme aussi a des pouvoirs divinatoires, ou mieux, “quelque chose de divinatoire” (μαντικόν γέ τι). Que signifie cette affirmation? Socrate est capable de lire les signes qui lui sont envoyé par son démon. Le démon bloque Socrate et laisse un message d’erreur que Socrate est capable, tant bien que mal, de déchiffrer. Mais Socrate n’est pas le seul à être capable de lire les signes. Même l’âme a cette capacité. L’âme, dont le reste du dialogue parlera abondamment, est donc autre chose que Socrate. Ou en tout cas, avant que Socrate puisse se rendre compte de ce qui se passe, avant qu’il puisse essayer de lire les signes, une inquiétude lui manifestait le fait que son âme avait déjà lu quelque chose, elle s’était déjà aperçue du problème et cela aussi au début du discours. Justement quand nous avons relevé un problème dans les mots de Socrate qui invoquait les Muses avec d’étranges étymologies.
L’âme de Socrate le trouble dès le début. Elle le rend conscient du fait que pour faire plaisir à Phèdre, pour gagner la compétition contre Lysias, il est en train de blasphémer: on insulte un dieu et on a un prix chez les hommes.