In Platonis Phaedrum Scholia: 240c6-8
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Σωκράτης
καὶ μὴν τό γε ἀναγκαῖον αὖ βαρὺ παντὶ περὶ πᾶν λέγεται: ὃ δὴ πρὸς τῇ ἀνομοιότητι μάλιστα ἐραστὴς πρὸς παιδικὰ ἔχει.
Socrate
On dit que la nécessité est toujours lourde pour chacun: celle-là, elle l'est encore plus pour le jeune par rapport à son amoureux à cause de la différence d'âge.
Platon, Phèdre, 240c6-240c8
Nous avons beaucoup parlé d’ἀνάγκη. Nécessité logique, morale, ontologique, métaphysique. Ici le terme renvoie à l’idée de quelque chose à laquelle on est forcé de se soumettre. L’obligation de fréquenter le vieux, le fait de ne pas avoir de choix car ce vieux impose sa présence. La nécessité est donc ce contre quoi la volonté est impuissante.
Mais pourquoi cette impuissance? Pourquoi serait-il impossible de ne pas fréquenter le vieux? Seulement pour son insistance. C’est une nécessité relativement faible donc celle sur laquelle se fonde cet argument: en réalité si l’aimé fréquente l’amoureux, ça sera toujours de façon volontaire, malgré le fait que l’insistance de l’amoureux ait un effet sur cette volonté et en certaine mesure la façonne.
Faire quelque chose qu’on a pas envie de faire est donc toujours lourd, mais encore plus si cette chose est désagréable - ici pour la différence d’âge. Mais n’est-ce pas un peu récursif cet argument? Car la raison pour laquelle la fréquentation de l’amoureux est une obligation est que le jeune homme n’a pas envie de le fréquenter: si c’était agréable, donc, il n’y aurait pas d’obligation du tout.
L’argument a quelque chose d’un paralogisme…