In Platonis Phaedrum Scholia: 239c6-d8

σώμα, ἓν κεφάλαιον

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Σωκράτης
ὀφθήσεται δὴ μαλθακόν τινα καὶ οὐ στερεὸν διώκων, οὐδ᾽ ἐν ἡλίῳ καθαρῷ τεθραμμένον ἀλλὰ ὑπὸ συμμιγεῖ σκιᾷ, πόνων μὲν ἀνδρείων καὶ ἱδρώτων ξηρῶν ἄπειρον, ἔμπειρον δὲ ἁπαλῆς καὶ ἀνάνδρου διαίτης, ἀλλοτρίοις χρώμασι καὶ κόσμοις χήτει οἰκείων κοσμούμενον, ὅσα τε ἄλλα τούτοις ἕπεται πάντα ἐπιτηδεύοντα, ἃ δῆλα καὶ οὐκ ἄξιον περαιτέρω προβαίνειν, ἀλλὰ ἓν κεφάλαιον ὁρισαμένους ἐπ᾽ ἄλλο ἰέναι: τὸ γὰρ τοιοῦτον σῶμα ἐν πολέμῳ τε καὶ ἄλλαις χρείαις ὅσαι μεγάλαι οἱ μὲν ἐχθροὶ θαρροῦσιν, οἱ δὲ φίλοι καὶ αὐτοὶ οἱ ἐρασταὶ φοβοῦνται.

Socrate
On le voit préférer quelqu'un de mou et non quelqu'un de fort, formé non pas dans le pur soleil mais sous une ombre confuse, inexpert des efforts virils et des transpirations qui font maigrir, expert d'un mode de vie mou et non viril, paré d'ornements et de couleurs artificiels par manque de beauté naturelle, occupé de toutes les autres choses qui dérivent de ce qu'on vient de dire, mais ces choses sont claires et ce n'est pas la peine de continuer à les énumérer, mais, avant de passer à autre chose, on peut les résumer en un point: devant un corps de ce type, en guerre comme dans d'autres situations de besoin autant graves, les ennemis deviennent courageux, les amis et les amoureux eux-mêmes deviennent craintifs.

Platon, Phèdre, 239c6-239d8

Une liste de défauts. Cette liste nous donne une idée claire des valeurs de l’époque de Socrate et Phèdre, mais rien de plus. Ce qui compte est encore la structure logique: on a dit que l’amoureux préfèrera le mal de l’aimé au bien, car c’est ainsi que fonctionne la maladie d’amour. Une fois que cela a été décidé, tout le reste suit. Ce qui est intéressant est de voir que, par contre, les biens et les maux sont situés culturellement et que ce qui semblait un bien à l’époque de Socrate peut ne pas l’être aujourd’hui. L’insistance sur la virilité, par exemple, et cette conclusion de la liste avec la considération sur la guerre. Pour résumer un un seul point (ἓν κεφάλαιον) toutes les cosidérations sur le corps, il suffit de dire que ce corps ne fera pas peur aux ennemis mais découragera les amis.

Le corps d’un homme est le corps d’un guerrier, dans l’Athènes du Ve siècle. Un corps fort qui fait peur aux ennemis. Il faut donc façonner son corps dans cet objectif: l’exercice physique sous le soleil (ἐν ἡλίῳ), la sueur, la force et la virilité. Voilà ce à quoi doit ressembler un corps beau. Évidemment l’amoureux voudra de son aimé tout le contraire. Au lieu que l’aider à se former, et surtout à bien se former, il le déformera pour son propre plaisir.

σώμα, ἓν κεφάλαιον scholia