In Platonis Phaedrum Scholia: 239b4-9
Billet précédentLire les autres billets de la série
Σωκράτης
τοῦτο δὲ ἡ θεία φιλοσοφία τυγχάνει ὄν, ἧς ἐραστὴν παιδικὰ ἀνάγκη πόρρωθεν εἴργειν, περίφοβον ὄντα τοῦ καταφρονηθῆναι: τά τε ἄλλα μηχανᾶσθαι ὅπως ἂν ᾖ πάντα ἀγνοῶν καὶ πάντα ἀποβλέπων εἰς τὸν ἐραστήν, οἷος ὢν τῷ μὲν ἥδιστος, ἑαυτῷ δὲ βλαβερώτατος ἂν εἴη.
Socrate
Il se trouve que cela est la divine philosophie, dont il est nécessaire que l'amant tienne loin le jeune en ayant peur qu'il ne le méprise: il arrangera toutes les autres choses de façon que le petit, ignorant tout et en étant en admiration complète de l'amant, soit d'autant plus agréable pour ce dernier qu'il n'est méprisable pour lui-même.
Platon, Phèdre, 239b4-239b9
La philosophie. Le lien est fait pour la première fois entre amour et philosophie. Il est fait à l’envers, dans un argument qui montre que le plus grand dommage provoqué par celui qui aime sera de garder l’aimé loin de la divine philosophie. Mais même si en négatif, le lien est fait. Il se trouve que ce qui pourrait le plus rendre sage l’aimé (c’est la fin de la phrase précédente) c’est la divine philosophie. Le lien entre amour et philosophie, qui est inscrit dans le mot lui-même (l’amour pour la sagesse) est nié et renversé: la philosophie en effet rendrait l’amoureux méprisable pour l’aimé.
L’amant alors fera de tout pour garder l’aimé dans l’ignorance. C’est vraiment une sorte de complot, une machination (μηχανάομαι): l’amant arrange tout pour que l’aimé vive dans un monde parallèle où il devient de plus en plus méprisable et il ne rencontre jamais ce qui est bon pour lui.