In Platonis Phaedrum Scholia: 238d8-e7

définition, maladie, petitio principii

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Σωκράτης
εἶεν, ὦ φέριστε: ὃ μὲν δὴ τυγχάνει ὂν περὶ οὗ βουλευτέον, εἴρηταί τε καὶ ὥρισται, βλέποντες δὲ δὴ πρὸς αὐτὸ τὰ λοιπὰ λέγωμεν τίς ὠφελία ἢ βλάβη ἀπό τε ἐρῶντος καὶ μὴ τῷ χαριζομένῳ ἐξ εἰκότος συμβήσεται. τῷ δὴ ὑπὸ ἐπιθυμίας ἀρχομένῳ δουλεύοντί τε ἡδονῇ ἀνάγκη που τὸν ἐρώμενον ὡς ἥδιστον ἑαυτῷ παρασκευάζειν: νοσοῦντι δὲ πᾶν ἡδὺ τὸ μὴ ἀντιτεῖνον, κρεῖττον δὲ καὶ ἴσον ἐχθρόν.

Socrate
Et bien, excellent ami: sur quoi nous nous trouvons à devoir prendre une décision a été dit et défini, en le tenant en tête, il nous reste à dire quel avantage ou désavantage viendra naturellement de l'amoureux et du non amoureux à celui qui accorde ses faveurs. Il est nécessaire pour celui qui est gouverné par le désir et qui est esclave du plaisir de rendre l'aimé le plus agréable pour lui-même: pour quelqu'un qui est malade est agréable tout ce qui ne lui s'oppose pas, mais ce qui est meilleur ou égal est détestable.

Platon, Phèdre, 238d8-238e7

Ce qui compte ici c’est l’établissement d’une méthode. Socrate l’a affirmé dès le début du discours: il faut donner des définitions de ce à propos de quoi il faut prendre des décisions. Maintenant peu importe quelle est la définition, l’important est d’en avoir une. Il y a ici une distinction - artificielle, certes, mais forte - entre le contenu et la forme. Le discours de Socrate est probablement blasphème, comique à certains égards, mais il suit son plan.

La distinction entre forme et contenu est artificielle car en réalité la définition qu’on a donné de l’amour n’aide pas à continuer. La première phrase qui devrait être une déduction de cette définition ne l’est pas en réalité. L’amour a été en effet défini comme le désir pour les beaux corps; on peut peut-être déduire de cela que celui qui est pris par ce désir essayera de trouver le plus possible de plaisirs. Et donc le fait qu’il veuille rendre l’aimé le plus agréable possible (ὡς ἥδιστον) est peut-être une conséquence logique de la définition. Mais ce qui suit, et qui sera le coeur des arguments successifs, ne l’est pas.

Socrate introduit en effet un autre principe, ou mieux deux:

  1. Le fait que pour un malade est agréable ce qui ne lui s’oppose pas. C’est un principe probablement repris de la médecine de l’époque. On peut en admetter une certaine validité
  2. Le fait que ce qui ne s’oppose pas à un malade est ce qui lui est inférieur. Pourquoi? De quel type d’infériorité parle-t-on? Morale? Quantitative (mais quelle quantité)?

C’est donc sur une sorte de petitio principii que Socrate bâti la suite de son discours.

définition, maladie, petitio principii scholia