In Platonis Phaedrum Scholia: 238a3-b6

ὕβρις, δυναστεύω, τυραννεύω, ἄρχω, κρατέω, démesure

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Σωκράτης
ὕβρις δὲ δὴ πολυώνυμον —πολυμελὲς γὰρ καὶ πολυμερές—καὶ τούτων τῶν ἰδεῶν ἐκπρεπὴς ἣ ἂν τύχῃ γενομένη, τὴν αὑτῆς ἐπωνυμίαν ὀνομαζόμενον τὸν ἔχοντα παρέχεται, οὔτε τινὰ καλὴν οὔτ᾽ ἐπαξίαν κεκτῆσθαι. περὶ μὲν γὰρ ἐδωδὴν κρατοῦσα τοῦ λόγου τε τοῦ ἀρίστου καὶ τῶν ἄλλων ἐπιθυμιῶν ἐπιθυμία γαστριμαργία τε καὶ τὸν ἔχοντα ταὐτὸν τοῦτο κεκλημένον παρέξεται: περὶ δ᾽ αὖ μέθας τυραννεύσασα, τὸν κεκτημένον ταύτῃ ἄγουσα, δῆλον οὗ τεύξεται προσρήματος: καὶ τἆλλα δὴ τὰ τούτων ἀδελφὰ καὶ ἀδελφῶν ἐπιθυμιῶν ὀνόματα τῆς ἀεὶ δυναστευούσης ᾗ προσήκει καλεῖσθαι πρόδηλον.

Socrate
La démesure a plusieurs noms - elle a en effet plusieurs membres et plusieurs parties - et celle des formes qui la caractérise davantage donne à celui qui l'a son nom et aucune n'est belle ni honorable. Par exemple le désir de nourriture qui prévaut sur la raison du meilleur et sur les autres désirs s'appelle gourmandise et celui qui le possède sera appelé ainsi; quand c'est le désir des boissons qui domine on sait comment s'appelle celui qui est mené par ce désir; et pour tous les autres noms semblables et de désirs semblables il est clair comment il faut appeler le désir qui prévaut.

Platon, Phèdre, 238a3-238b6

La démesure est plurielle car elle peut concerner des objets particuliers. Elle a donc plusieurs noms, selon l’objet du désir démesuré. Ces noms ne sont pas que des noms, ils caractérisent les personnes qui sont affectées par ces vices, ils deviennent une essence, une sorte de nature: celui qui ne sait pas être modéré dans son désir de nourriture sera un gourmand, celui dont la démesure se manifeste dans l’abus d’alcool sera un alcoolique et ainsi de suite.

Le vice produit donc des caractères, des typologies de personnes. Il détermine l’identité. On devient son propre vice.

Le langage continue d’être caractérisé par des termes politiques. Dès qu’on commence à parler des deux principes, on utilise des verbes comme ἄρχω (commander), ἄγω (diriger), κρατέω (conquérir, prévaloir). Ici on trouve aussi le verbe τυραννεύω (être le tyran) et δυναστεύω (avoir le pouvoir). La description des désirs et de leurs dynamiques dans l’être humain est faite sur la base de la métaphore politique; l’être humain est comme une cité dans laquelle il y a des politiciens qui se battent pour avoir le pouvoir. Celui qui gagne détermine l’orientation et la nature de la cité. Cette métaphore est souvent utilisée par Platon dans ses dialogues. Elle donne une idée particulière de ce qu’est un être humain: un lieu, un espace dont le sens est déterminé par quelque chose d’extérieur, par des forces autres.

ὕβρις, δυναστεύω, τυραννεύω, ἄρχω, κρατέω, démesure scholia