In Platonis Phaedrum Scholia: 237b7-8
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Σωκράτης
καί ποτε αὐτὸν αἰτῶν ἔπειθεν τοῦτ᾽ αὐτό, ὡς μὴ ἐρῶντι πρὸ τοῦ ἐρῶντος δέοι χαρίζεσθαι, ἔλεγέν τε ὧδε—
Socrate
Et une fois, en le demandant, il le persuadait de cela, qu'il faut se donner à un qui ne nous aime pas plutôt qu'à un qui nous aime, et il parlait ainsi:
Platon, Phèdre, 237b7-237b8
Socrate finit ici de préciser le contexte. Il y a donc un des amoureux du très bel adolescent qui l’a convaincu de ne pas l’aimer. Cependant, une fois (ποτε), il le demande (αὐτὸν αἰτῶν), il le désire, il le veut. Le ποτε précise une occasion ponctuelle, un moment déterminé, une situation particulière. Un jour, cet amoureux rusé demande le jeune garçon. Et ce jour là il invente son histoire de non amour et son discours.
Situé dans le temps, le discours n’a plus rien d’universel, c’est l’occasion qui le produit. Cette non universalité caractérisait bien évidemment aussi le discours de Lysias. Discours judiciaire, discours d’avocat, il ne veut pas parler des grandes vérités, mais juste obtenir quelque chose dans une situation concrète. Socrate explicite cette nature du discours de Lysias et il se l’approprie pour son propre discours. Il ne s’agira donc pas de parler de la nature de l’amour, de son essence, mais juste de convaincre - un soir - un jeune garçon à coucher avec nous.
L’explicitation de ce contexte et de l’occasion rend encore plus flagrant le blasphème initial. L’invocation aux Muses n’est pas l’incipit d’un hymne religieux, ni d’une réflexion philosophique, mais d’une sorte de sérénade astucieuse visant l’obtention de faveurs sexuels sur la base d’une tromperie, d’un mensonge.