In Platonis Phaedrum Scholia: 237b5-6

αἱμύλος, principe de raison suffisante

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Σωκράτης
εἷς δέ τις αὐτῶν αἱμύλος ἦν, ὃς οὐδενὸς ἧττον ἐρῶν ἐπεπείκει τὸν παῖδα ὡς οὐκ ἐρῴη.

Socrate
L'un d'entre eux était rusé: en l'aimant non moins que les autres, il persuada l'enfant qu'il ne l'aimait pas.

Platon, Phèdre, 237b5-237b6

Lysias n’a pas expliqué, dans son discours, pour quelle raison le non amoureux voudrait le jeune garçon. S’il ne l’aime pas, pourquoi le désire-t-il? On imagine, en écoutant le discours, que le non amour est aussi une forme d’amour, peut-être moins passionnée, peut-être moins intense, mais toujours une forme d’amour. On peut sinon imaginer que le désir du non amoureux ne soit que sexuel, qu’il n’implique donc pas des sentiments et qu’il soit, pour cette raison, moins violent.

Or Socrate ne semble pas convaincu par ces hypothèses et explicite différemment la relation entre le non amoureux et l’amoureux: en réalité le non amoureux est lui-aussi un amoureux, sauf qu’il est un amoureux rusé (αἱμύλος), plus rusé que les autres. Il est intéressant de souligner que l’adjectif αἱμύλος peut signifier à la fois “rusé” et séduisant. Le non amoureux est rusé et séduisant, peut-être, par ailleurs, il est séduisant parce qu’il est rusé. Il arrive à séduire grâce à son astuce.

Son astuce consiste dans le fait de cacher son amour: tout en aimant le jeune non moins que les autres, il le convainc de ne pas l’aimer. Pourquoi? Quelle en est la raison? Étrange démarche que de cacher son amour pour séduire quelqu’un. Mais, on le sait, le jeu de l’amour est complexe et raffiné; l’aimant astucieux doit peut-être essayer de se démarquer des autres, pour se faire remarquer. Ou alors c’est qu’on désire toujours ce qu’on sait ne pas pouvoir avoir?

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