In Platonis Phaedrum Scholia: 235e2-6

originalité

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Σωκράτης
φίλτατος εἶ καὶ ὡς ἀληθῶς χρυσοῦς, ὦ Φαῖδρε, εἴ με οἴει λέγειν ὡς Λυσίας τοῦ παντὸς ἡμάρτηκεν, καὶ οἷόν τε δὴ παρὰ πάντα ταῦτα ἄλλα εἰπεῖν: τοῦτο δὲ οἶμαι οὐδ᾽ ἂν τὸν φαυλότατον παθεῖν συγγραφέα.

Socrate
Tu es très cher et vraiment en or, Phèdre, si tu penses que j'affirme que Lysias s'est trompé sur tout, et que je serais capable de dire des choses complètement différentes: cela je crois qu'il ne pourrait arriver même pas au pire écrivain.

Platon, Phèdre, 235e2-235e6

Socrate prend au sérieux les conditions de Phèdre. Non pas son pari irréaliste, mais les caractéristiques que devrait avoir le discours. Faisant ainsi il relève le pari en niant son côté irréaliste: il est tout à fait possible de faire un discours qui ait les caractéristiques précises et explicites listées par Phèdre, à condition d’en éliminer une seule qui n’est pas raisonnable - et qui par ailleurs ne semble pas avoir été prise sérieusement en compte par Phèdre.

Avec son adresse initiale, Socrate rejette ironiquement l’exagération de Phèdre: il a promis trop d’or… il est vraiment en or. Maintenant venons à la quatrième et dernière condition: celle de ne pas répéter ce que Lysias a dit. Cette condition ne peut pas être souscrite par Socrate qui n’a par ailleurs jamais affirmé quelque chose de semblable. Au contraire: Socrate a dit qu’il a entendu des choses très similaires par d’autres écrivains. L’originalité n’est pas possible: tout ce qu’on peut dire a déjà été dit. Justement parce que les individus ne sont pas des producteurs de pensée: la pensée est déjà là.

Même le pire des écrivains peut facilement puiser dans le tas des idées et dire des choses qui ont du sens. Justement parce qu’en tant qu’écrivain Lysias n’est pas un producteur d’idées, les idées qu’il expose ne peuvent pas être toutes mauvaises.

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