In Platonis Phaedrum Scholia: 235c5-7
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Σωκράτης
πόθεν δὴ τεκμαιρόμενος λέγω; πλῆρές πως, ὦ δαιμόνιε, τὸ στῆθος ἔχων αἰσθάνομαι παρὰ ταῦτα ἂν ἔχειν εἰπεῖν ἕτερα μὴ χείρω.
Socrate
Et sur quelle base je l'affirme? Parce que, mon divin ami, ayant ma poitrine pleine, je sens que je suis capable de dire à propos des mêmes sujets d'autres choses pas de qualité inférieure.
Platon, Phèdre, 235c5-235c7
Socrate répond ainsi à la critique de Phèdre qui semblait l’accuser d’être vague et peu crédible. Phèdre demande des précisions: qui sont ceux qui ont dit mieux sur l’amour? Socrate dit qu’il ne le sait pas, mais il donne une preuve de la véridicité de son affirmation. Cette preuve est le fait que ces choses remplissent physiquement sa poitrine.
Les pensées sont là et donc quelqu’un a dû les y mettre. La présence matérielle des discours est ensuite démontrée par une autre preuve: Socrate serait capable de ressortir ces discours qui ne sont pas moins bons que celui de Lysias.
Le centre du débat continue d’être la matérialité. Socrate semble affirmer que les idées, les pensées sont des objets physiques, écrites, qui ensuite sont déposés matériellement dans le corps de celui qui écoute qui est pour cette raison capable de les ressortir.
Est-ce qu’il parle sérieusement? On verra que ce discours est - comme toujours - plein d’ironie. Mais encore une fois l’ironie ne sert jamais à nier simplement ce qu’on affirme.
Une autre chose intéressante: Socrate s’adresse à Phèdre en l’appelant: ὦ δαιμόνιε. Il fait donc référence au δαίμων dont il dit qu’il l’habite et qu’il parle à sa place. Phèdre aussi serait donc dans cette situation; il serait possédé par un δαίμων qui produit sa pensée.