In Platonis Phaedrum Scholia: 235b6-9
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Σωκράτης
τοῦτο ἐγώ σοι οὐκέτι οἷός τ᾽ ἔσομαι πιθέσθαι: παλαιοὶ γὰρ καὶ σοφοὶ ἄνδρες τε καὶ γυναῖκες περὶ αὐτῶν εἰρηκότες καὶ γεγραφότες ἐξελέγξουσί με, ἐάν σοι χαριζόμενος συγχωρῶ.
Socrate
Je ne serai en accord avec toi sur ce point: les hommes et femmes sages du passé qui ont parlé des mêmes sujets me confuteront, en effet, si, pour te faire plaisir, je te donnais raison.
Platon, Phèdre, 235b6-235b9
Phèdre a nié l’existence de la parole de Socrate et Socrate répond en fondant cette existence non pas sur le fait qu’il vient de parler, mais sur le fait que, dans le passé, d’autres l’ont fait. Il aurait pu dire: comment peux-tu affirmer que je n’ai rien dit alors que je viens objectivement de parler? Mais ce n’est pas ce qu’il affirme. Il dit que des hommes et des femmes sages du passé ont parlé: ce sont eux et leur parole passée et inscrite non pas dans la présence immédiate du discours, mais dans le souvenir ou quelque part ailleurs, qui légitiment le fait qu’une parole existe, et cela invalide l’affirmation de Phèdre.
Ce n’est pas Socrate et sa parole qui existent ici et maintenant - ce qui pourtant semblerait la chose la plus naturelle et évidente, mais un autre type de parole qui, de par son existence fait exister aussi, comme contre-coup, la parole de Socrate.
Et en effet ce n’est pas de la pensée de Socrate et de son avis personnel qu’il est ici question, mais d’une autre pensée, beaucoup plus importante et légitime. Mais qu’est-ce que cette pensée? Qu’est-ce que cette parole? Encore une fois il faut se demander: où émerge la pensée? Qu’elle est l’élément qui la produit? Qui pense?