In Platonis Phaedrum Scholia: 234e5-8

τορνεύω

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Σωκράτης
τί δέ; καὶ ταύτῃ δεῖ ὑπ᾽ ἐμοῦ τε καὶ σοῦ τὸν λόγον ἐπαινεθῆναι, ὡς τὰ δέοντα εἰρηκότος τοῦ ποιητοῦ, ἀλλ᾽ οὐκ ἐκείνῃ μόνον, ὅτι σαφῆ καὶ στρογγύλα, καὶ ἀκριβῶς ἕκαστα τῶν ὀνομάτων ἀποτετόρνευται;

Socrate
Quoi? Faut-il alors que toi et moi louions le discours parce que le poète dit tout le nécessaire et non seulement parce qu'il a tourné chaque mot clairement, rondement et avec précision?

Platon, Phèdre, 234e5-234e8

Socrate fait semblant de ne pas comprendre. Il joue le surpris: τὶ δέ; Quoi? De quoi parle-tu? Il y a un malentendu: je croyais que le discours ne devait pas être pris au sérieux sur le fond, mais juste pour sa forme.

La remarque de Socrate dit même quelque chose de plus précis: le discours est faible aussi dans sa forme et forme et fond ne peuvent pas vraiment être séparés. Socrate pour le moment oppose le fait de dire tout ce qu’il faut sur un sujet au fait de s’occuper de “tourner les mots”.

D’une part le fait d’épuiser un sujet en disant “les choses qu’il faut dire” (τὰ δέοντα) et de l’autre le fait de tourner au tour (c’est le sens du verbe τορνεύω) les mots. Lysias a lissé, embellit et travaillé chaque mot mais séparément. Les mots sont beaux, pris un par un, mais le discours en tant que tout n’existe pas. Chaque mot est clair, rond et précis, mais c’est tout ce que Socrate a entendu.

Ou alors, pour continuer dans le même esprit de sa première réponse, Socrate n’a rien entendu. Il a vu Phèdre et son admiration pour le discours et il l’a suivi. Mais il n’y a pas un véritable discours qui soit parvenu aux oreilles de Socrate: juste une séries de mots juxtaposés.

τορνεύω scholia