In Platonis Phaedrum Scholia: 234b8-b9
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Φαῖδρος
ἴσως ἂν οὖν ἔροιό με εἰ ἅπασίν σοι παραινῶ τοῖς μὴ ἐρῶσι χαρίζεσθαι.
Phèdre
Peut-être me demanderais-tu si je t'exhorte à te donner à tous ceux qui ne t'aiment pas.
Platon, Phèdre, 234b8-234b9
Le revoilà le ἴσως, qui sert ici encore une fois pour rajouter un énième argument. Comme si Lysias l’avait oublié et s’en souvenait soudainement: tiens, j’oubliais, tu pourrait peut-être avoir une autre objection.
La question ajoutée à la fin, après la conclusion, comme un oubli, c’est la question fondamentale que Lysias n’a jamais adressée et qui hante tout son raisonnement: encore une fois celle du principe de raison suffisante. Pourquoi se donner à quelqu’un? Pourquoi à un plutôt qu’à un autre?
Nous avons déjà vu que cette question se posait pour les non amoureux: pourquoi, s’ils n’aiment pas, voudraient-ils quelque chose du non aimé? Qu’est-ce qui les pousse à le chercher?
Maintenant la même question se pose pour l’ἐρόμενος: pourquoi se donner? Car s’il faut se donner à ceux qui n’aiment pas, il y a un large choix; sur quels critères faut-il baser ce choix?
Lysias ne répondra pas: il se limitera à prendre l’objection à l’envers. Il ne se demande pas pourquoi et comment choisir, il ne pose pas la question du principe de raison suffisante, il demande plus simplement s’il faut se donner à tous. Et la réponse est juste un “non”, sans plus d’arguments.