In Platonis Phaedrum Scholia: 234b10-c5

χάρις, principe de raison suffisante, offre-demande, ὠφέλεια

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Φαῖδρος
ἐγὼ μὲν οἶμαι οὐδ᾽ ἂν τὸν ἐρῶντα πρὸς ἅπαντάς σε κελεύειν τοὺς ἐρῶντας ταύτην ἔχειν τὴν διάνοιαν. οὔτε γὰρ τῷ λαμβάνοντι χάριτος ἴσης ἄξιον, οὔτε σοὶ βουλομένῳ τοὺς ἄλλους λανθάνειν ὁμοίως δυνατόν: δεῖ δὲ βλάβην μὲν ἀπ᾽ αὐτοῦ μηδεμίαν, ὠφελίαν δὲ ἀμφοῖν γίγνεσθαι.

Phèdre
Mais je crois que même un amoureux ne te pousserait à avoir cette attitude avec tous ceux qui t'aiment. Et en effet pour celui qui l'obtient la chose ne semblerait digne d'une reconnaissance adéquate et pour toi qui veux cacher la relation aux autres il ne serait pas possible de le faire: il faut que de cette relation ne dérive aucun dommage, mais des avantages pour tous les deux.

Platon, Phèdre, 234b10-234c5

La réponse à la question “faut-il se donner à tous?” est non. Et il n’y a pas une véritable explication. Lysias fait juste remarquer que la même question se poserait pour les amoureux: pourquoi se donner à l’un plutôt qu’à l’autre? L’amour pourrait fonctionner comme principe de raison suffisante pour l’amoureux, mais non pour l’aimé. L’amoureux veut l’aimé parce que il est amoureux. Mais cela ne nous aide pas à savoir pourquoi l’aimé choisit un amoureux plutôt qu’un autre. Faut-il pour autant se donner à tous? Non. Et les amoureux aussi auraient la même opinion.

L’explication des raisons pour lesquelles il ne faut pas coucher avec tout le monde sont par contre quelque peu étonnantes. Deux raisons: d’une part le fait que si on se donne à tous, le fait de se donner sera moins digne de reconnaissance, de l’autre le fait que tout le monde le saura.

La première est encore une fois une raison d’ordre économique, déterminée par les lois de l’offre et de la demande. Un bien trop commun vaut moins qu’un bien rare. Si on se donne à tous, le fait de se donner deviendra un bien courant dans le marché et sa valeur sera destinée à baisser. Donc le prix - ici calculé en reconnaissance (χάρις) - sera plus bas.

La seconde raison a déjà été évoquée à plusieurs reprises: c’est la nécessité de discrétion. Si on se donne à tout le monde, il ne sera pas possible de garder une certaine discrétion; on aura donc une mauvaise réputation. Et par ailleurs, semble vouloir dire Lysias, les différents amants sauront de l’infidélité. L’argument est un peu tordu, car il est utilisé pour expliquer pourquoi les amoureux n’exhorteront pas à se donner à tous les autres amoureux - et donc le fait qu’ils soit conscients de la trahison fait partie de l’hypothèse…

Mais bon, on arrive presque à la vraie fin de ce discours et on pourra finalement se libérer des paralogismes du sophiste.

L’argument termine avec le rappel - comme s’il y en avait besoin - du fait que l’objectif de la relation est le profit, l’utilité, l’avantage personnel (ὠφέλεια).

χάρις, principe de raison suffisante, offre-demande, ὠφέλεια scholia