In Platonis Phaedrum Scholia: 233e10-234b1
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Φαῖδρος
οὐδὲ τοῖς προσαιτοῦσι μόνον, ἀλλὰ τοῖς τοῦ πράγματος ἀξίοις: οὐδὲ ὅσοι τῆς σῆς ὥρας ἀπολαύσονται, ἀλλ᾽ οἵτινες πρεσβυτέρῳ γενομένῳ τῶν σφετέρων ἀγαθῶν μεταδώσουσιν: οὐδὲ οἳ διαπραξάμενοι πρὸς τοὺς ἄλλους φιλοτιμήσονται, ἀλλ᾽ οἵτινες αἰσχυνόμενοι πρὸς ἅπαντας σιωπήσονται: οὐδὲ τοῖς ὀλίγον χρόνον σπουδάζουσιν, ἀλλὰ τοῖς ὁμοίως διὰ παντὸς τοῦ βίου φίλοις ἐσομένοις: οὐδὲ οἵτινες παυόμενοι τῆς ἐπιθυμίας ἔχθρας πρόφασιν ζητήσουσιν, ἀλλ᾽ οἳ παυσαμένου τῆς ὥρας τότε τὴν αὑτῶν ἀρετὴν ἐπιδείξονται.
Phèdre
non pas à ceux qui demandent seulement, mais à ceux qui sont dignes du bénéfice; non pas à ceux qui profitteront de ta jeunesse, mais à ceux qui partageront avec toi leurs biens quand tu seras vieux; non pas à ceux qui après avoir couché avec toi s'en vanteront avec les autres, mais à ceux qui avec pudeur se tairont devant tous; non pas à ceux qui s'occuperont de toi pour un temps court, mais à ceux qui te seront amis aussi pour toute ta vie; non pas à ceux qui, fini leur désir, chercheront des raisons pour rompre, mais à ceux qui montreront leur vertu un fois que tu ne seras plus jeune.
Platon, Phèdre, 233e10-234b1
La longue anaphore est une sorte de conclusion du discours de Lysias: il reprend tout ce qui a été dit jusqu’ici et le synthétise pour donner, finalement, une liste des caractéristiques des amoureux et des non amoureux. Le fait qu’il ne s’agisse pas, en réalité, de la conclusion - car le discours reprend de façon étrange après cette fausse clôture - est un signe de mauvaise composition. Socrate le soulignera: les arguments sont juxtaposés les uns après les autres de façon presqu’aléatoire, le raisonnement n’a pas une logique interne claire, les relations entre un argument et l’autre sont floues, souvent la connexion est garantie par un “et encore”…
Mais le fond du discours est transparent. D’un côté il y a ceux qui ont un besoin et qui demandent que ce besoin soit assouvi: les amoureux. De l’autre il y a ceux qui ont quelque chose à offrir et qui n’ont rien à demander. La question est de savoir qui est digne (ἀξίος) d’amour, ou plutôt, qui est digne qu’on lui donne quelque chose. Les amoureux n’ayant rien à offrir ne savent que demander: il sont dans un manque et ils essayent juste de le combler en profitant de l’aimé, de sa beauté, des plaisir qu’il pourra leur donner. Les non amoureux ne manquent de rien, ils ont, au contraire, quelque chose à donner.
Cette dynamique presque physique du vide et du plein définit donc les deux positions d’amoureux et de non amoureux.