In Platonis Phaedrum Scholia: 233d5-d9
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Φαῖδρος
ἔτι δὲ εἰ χρὴ τοῖς δεομένοις μάλιστα χαρίζεσθαι, προσήκει καὶ τοῖς ἄλλοις μὴ τοὺς βελτίστους ἀλλὰ τοὺς ἀπορωτάτους εὖ ποιεῖν: μεγίστων γὰρ ἀπαλλαγέντες κακῶν πλείστην χάριν αὐτοῖς εἴσονται.
Phèdre
Et encore, s'il faut prendre soin spécialement de ce qui ont besoin, il en suit aussi dans d'autres sujets qu'il faut faire du bien non pas aux meilleurs, mais à ceux qui ont le moins de moyens: libérés des plus grands maux, ils seront les plus reconnaissants.
Platon, Phèdre, 233d5-233d9
Une possible objection aux arguments précédents est maintenant prise en compte par Lysias: on pourrait penser qu’il faut mieux donner à quelqu’un qui a besoin. L’amant est en manque, son désir le met dans la position d’avoir besoin de l’aimé. Il est δεομένος et cela le met dans un état d’incapacité, il est ἄπορος, sans moyens.
Pourquoi donc serait-il préférable de donner à quelqu’un qui est dans le besoin? Pour des raisons éthiques? Pour des raisons logiques (il faut remplir ce qui est vide)? Non, la raison donnée par Lysias est encore une fois une raison concrète, basée sur les intérêts immédiats: ceux qui ont besoin souffrent et si on leur donne ce dont ils ont besoin, ils vont être très reconnaissants. C’est comme si on pouvait, ici aussi, calculer la quantité de gratitude, la mesurer exactement; cette quantité dépendrait directement du bien reçu qui, à son tour, serait directement proportionnel au besoin.
Lysias démontrera que ce raisonnement ne fonctionne pas.