In Platonis Phaedrum Scholia: 233a6-b5

φιλία, μνημεῖον

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Φαῖδρος
καὶ μὲν δὴ βελτίονί σοι προσήκει γενέσθαι ἐμοὶ πειθομένῳ ἢ ἐραστῇ. ἐκεῖνοι μὲν γὰρ καὶ παρὰ τὸ βέλτιστον τά τε λεγόμενα καὶ τὰ πραττόμενα ἐπαινοῦσιν, τὰ μὲν δεδιότες μὴ ἀπέχθωνται, τὰ δὲ καὶ αὐτοὶ χεῖρον διὰ τὴν ἐπιθυμίαν γιγνώσκοντες. τοιαῦτα γὰρ ὁ ἔρως ἐπιδείκνυται: δυστυχοῦντας μέν, ἃ μὴ λύπην τοῖς ἄλλοις παρέχει, ἀνιαρὰ ποιεῖ νομίζειν: εὐτυχοῦντας δὲ καὶ τὰ μὴ ἡδονῆς ἄξια παρ᾽ ἐκείνων ἐπαίνου ἀναγκάζει τυγχάνειν:

Phèdre
Aussi tu deviendras meilleur en écoutant moi plutôt qu'un amoureux. Ceux-là, en effet, louent, même contre le bon sens, les choses que tu dis et celles que tu fais d'une part parce qu'ils ont peur d'être détestés et de l'autre parce qu'eux-mêmes, à cause du désir, sont mauvais juges. L'amour montre cela en effet: ceux qui sont en disgrâce considèrent que ce qui ne produit pas de la souffrance pour les autres leur procure des douleurs; ceux qui sont en bonne grâce se sentent obligés de louer même les choses qui n'ont rien d'agréable;

Platon, Phèdre, 233a6-233b5

“Moi”: finalement le discours générique se concrétise. Les arguments servent à obtenir quelque chose. Voilà la caractéristique fondamentale de ce qu’on est en train de lire. C’est ce qui était déjà annoncé dans la première phrase: περὶ μὲν τῶν ἐμῶν πραγμάτων ἐπίστασαι. Tu connais ma situation. On l’avait peut-être oublié, car ensuite le discours avait commencé à construire une argumentation générale, presque philosophique. Mais cette réapparition du pronom personnel nous rappelle le véritable but de tout se discours: le parlant veut coucher avec celui qui écoute.

Ce “moi” (ἐμοὶ) nous rappelle aussi la situation concrète dans laquelle nous nous trouvons: Phèdre qui lis à Socrate, sous le platane, le discours de Lysias. C’est Phèdre qui prononce ces mots et il ne faudrait pas sous-estimer le jeu érotique que cela produit avec Socrate. Jeu érotique renversé, car Phèdre est le jeune - l’aimé - et Socrate le vieux - le non-amoureux?

Et en plus, l’argument ici est justement lié à l’apprentissage, ce qui intéresse Phèdre dans sa position d’ἐραστής par rapport à Lysias comme par rapport à Socrate. C’est comme si Phèdre disait à Socrate: je sais que tu n’es pas amoureux de moi, mais finalement j’apprendrais tellement de choses avec toi que je serais prêt à t’accorder mes faveurs.

L’argument en soi n’a rien de nouveau: les amoureux ne sont pas capables de juger: leur amour les empêche d’être objectifs, ils ne sont pas maîtres d’eux-mêmes, ils sont aveuglés par le désir et par les craintes que ce dernier implique.

φιλία, μνημεῖον scholia