In Platonis Phaedrum Scholia: 230d6-e1

φάρμακον

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Σωκράτης
σὺ μέντοι δοκεῖς μοι τῆς ἐμῆς ἐξόδου τὸ φάρμακον ηὑρηκέναι. ὥσπερ γὰρ οἱ τὰ πεινῶντα θρέμματα θαλλὸν ἤ τινα καρπὸν προσείοντες ἄγουσιν, σὺ ἐμοὶ λόγους οὕτω προτείνων ἐν βιβλίοις τήν τε Ἀττικὴν φαίνῃ περιάξειν ἅπασαν καὶ ὅποι ἂν ἄλλοσε βούλῃ.

Socrate
Toi tu sembles avoir trouvé la drogue pour me faire sortir. En effet, comme ceux qui mènent les animaux affamés en agitant une branche ou un fruit, toi en me montrant les discours dans les livres, tu me sembles capable de me faire faire le tour de l'Attique entière et de me conduire où bon tu voudras.

Platon, Phèdre, 230d6-230e1

Phèdre a trouvé la drogue, le médicament, le φάρμακον. On a tellement parlé de médecins que la référence aux médicaments n’est pas inattendue. Par ailleurs, le φάρμακον ici sert justement à faire suivre les bons conseils des médecins, qui recommandent de marcher, possiblement en plein air.

L’ambiguïté du φάρμακον a été suffisamment commentée: remède, mais aussi poison. C’est aussi l’ambiguïté entre intérieur et extérieur, la porosité de ces frontières qui se veulent nettes mais qui en réalité ne le sont pas. Les frontières et les limites se redéfinissent au fur et à mesure qu’on avance. L’intérieur est finalement là où nous sommes, mais nous sommes là où on nous mène, en bougeant quelque chose que nous suivons. Le seuil est mobile, car le seuil est constitué par une branche ou un fruit qui reste tout proche devant nous. Ce qui est dedans peut être dehors et vice versa. De la même manière le discours, le λόγος, est dans le livre mais aussi hors du livre. Phèdre montre les discours dans les livres, ou il montre le livre lui-même. Il a caché le livre pour montrer le discours, mais finalement c’est le livre que Socrate a deviné, et c’est le livre qu’il veut.

φάρμακον scholia