In Platonis Phaedrum Scholia: 230d3-5
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Σωκράτης
συγγίγνωσκέ μοι, ὦ ἄριστε. φιλομαθὴς γάρ εἰμι: τὰ μὲν οὖν χωρία καὶ τὰ δένδρα οὐδέν μ᾽ ἐθέλει διδάσκειν, οἱ δ᾽ ἐν τῷ ἄστει ἄνθρωποι.
Socrate
Tu me connais, exellent ami. Je suis quelqu'un qui aime apprendre: et la campagne et les arbres ne veulent rien m'apprendre, tandis que les hommes dans la ville si.
Platon, Phèdre, 230d3-230d5
Socrate ne se connaît pas lui-même, mais Phèdre le connaît. Il est encore perdu, paumé, sans moyens. Lui, il ne sais pas qui il est - il vient de nous le dire -, mais Phèdre si, lui il le sait. Demandez à Phèdre, alors, si vous vous posez des questions sur Socrate. Phèdre connaît Socrate et il sait donc qu’il aime apprendre.
Suit l’opposition qui semble nette et claire entre campagne et ville, êtres humains et nature,intérieur et extérieur, culture et nature. Cette division nette a pourtant été questionnée par Socrate lui-même jusqu’ici. N’est-ce pas le lieu avec son arbre, son eau, son vent qui a rempli les discours jusqu’à présent? N’est-ce pas la fusion parfaite entre mythe, lieu, nature et culture que Socrate a décrit dans les répliques précédentes? Et n’est-ce pas à la campagne, sous cet arbre justement, que le discours émergera? N’est-ce pas finalement cet arbre qui apprendra quelque chose à Socrate - et à Phèdre? Dans un lieu fermé, intérieur, chez Épicrate, dans la maison de Morychos, Phèdre a passé toute la journée. Mais finalement il apprendra davantage dans un lieu ouvert, à la campagne, sous un arbre. Et cet arbre, avec l’ensemble de discours qu’il porte, lui en apprendra plus qu’un homme - Lysias - qui est pourtant son maître.
L’ironie de Socrate est présente même là où on ne l’a pas forcement vue: ici, encore une fois, ce sont deux choses contradictoires qu’affirme le philosophe.