In Platonis Phaedrum Scholia: 230c7
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Σωκράτης
ὥστε ἄριστά σοι ἐξενάγηται, ὦ φίλε Φαῖδρε.
Socrate
Donc tu as été un guide parfait, mon cher Phèdre.
Platon, Phèdre, 230c7-230c7
ξεναγέω, conduire les étranger: Phèdre a été un guide touristique. Phèdre est le guide et Socrate l’étranger, ignare du lieu qu’il est en train de découvrir. La situation est encore une fois ambigüe, ou plutôt inversée. C’est Socrate, bien évidemment, qui devrait guider Phèdre sur la bonne voie. C’est Phèdre qui est égaré et Socrate qui doit le conduire. Par ailleurs c’est Socrate qui a donné toutes les informations sur le lieu où il se trouvent, c’est lui qui a su donner des précisions sur le mythe de Borée et affirmer que c’est plus bas que cela a eu lieu. C’est encore Socrate qui nous a donné la description parfaite et exhaustive de l’endroit où ils sont finalement arrivés.
Socrate vient justement de finir son discours de guide touristique pour le clore en en donnant les crédits à Phèdre.
Pourquoi? Certes, l’ironie… mais il y a aussi une vérité dans ce paradoxe: Socrate a été amené d’une certaine manière contre sa volonté. Ce n’est pas le lieu qui l’intéresse, mais les discours. Il nous le dira. Socrate a un préjugé négatif sur le lieu. Et finalement il aura tort. Le dialogue aura lieu ici même et il démontrera performativement que le lieu est le bon lieu. C’est donc Phèdre qui a raison: on peut penser à la campagne. Ou mieux, la campagne pense.