In Platonis Phaedrum Scholia: 230a2-8
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Σωκράτης
ὅθεν δὴ χαίρειν ἐάσας ταῦτα, πειθόμενος δὲ τῷ νομιζομένῳ περὶ αὐτῶν, ὃ νυνδὴ ἔλεγον, σκοπῶ οὐ ταῦτα ἀλλ᾽ ἐμαυτόν, εἴτε τι θηρίον ὂν τυγχάνω Τυφῶνος πολυπλοκώτερον καὶ μᾶλλον ἐπιτεθυμμένον, εἴτε ἡμερώτερόν τε καὶ ἁπλούστερον ζῷον, θείας τινὸς καὶ ἀτύφου μοίρας φύσει μετέχον.
Socrate
Et donc en laissant de côté ces choses, en me satisfaisant de l'opinion commune sur elles, comme je t'ai dit, je n'enquête pas sur celles-là, mais sur moi-même, pour voir si je suis un quelque monstre plus compliqué et furieux que Typhon ou un animal plus domestique et simple, qui participe par nature d'une part divine et docile.
Platon, Phèdre, 230a2-230a8
Finalement il y a-t-il une grande différence entre les bêtes légendaires et Socrate? Peut-être pas. Peut-être il n’y a pas un jugement de valeur: des questions plus importantes et d’autres oisives. Peut-être l’ironie de Socrate sert justement à affirmer en même temps deux choses contradictoires. D’une part que la chose la plus importante est de savoir qui nous sommes et que tout le reste est vain, mais en même temps, paradoxalement, que tout investigation rationnelle se vaut, qu’il s’agit toujours de raisonnements oisifs et agréables.
Socrate, l’homme qui questionne tout, se satisfait ici de l’opinion commune. Mais cela pour des questions compliquées. Pour les questions plus simples - qui suis-je - il est prêt à perdre du temps en subtilités. Et finalement, la question simple devient très compliquée: on ne sait plus qui on est. Peut-être nous sommes, comme Typhon, des monstres à cent têtes, prêts à nous rebeller contre les dieux. Ou alors même pire. Quelle est la force qui nous anime? Socrate joue avec le mot τυφώς, typhon qui ressemble au nom du monstre (Τυφῶν) et qui revient dans l’adjectif ἄτυφος, docile, justement en opposition par rapport à la force violente de Typhon.
Nous savons que cela prépare le discours sur la nature de l’âme, où l’importance de la modération sera centrale. Mais en même temps la nécessité de modération dérive justement de la présence de forces violentes et déchaînées, comme le vent de tempête, que cela soit Typhon ou Borée.