In Platonis Phaedrum Scholia: 229a1-2

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Platon, Phèdre, 229a1-229a2

L’Ilissos est une rivière d’Athènes. Au 19e et 20e siècles la ville s’industrialise et la rivière est progressivement canalisée et enterrée. Elle est aujourd’hui invisible. Mais de temps en temps elle fait surface, elle apparaît sur le béton qui la canalise, comme si elle recherchait à se dé-couvrir, comme la vérité grecque qui est une résistance à l’oubli. Sans doute ces circonstances contemporaines auraient plu à Socrate. Pour longer l’Ilissos, aujourd’hui il serait nécessaire d’aller chercher les petites flaques d’eau faisant surface sur les grandes routes bétonnées de la métropole. Comme dans un mythe de la caverne inversé, il y a la route qui brille au soleil, mais cette route n’est qu’une apparence, l’imitation d’autre chose. Tout d’abord l’imitation - et le dévoilement - des petites flaques d’eau qui font surface. Et encore, cet eau n’est que le signe d’autre chose: la rivière enterrée, beaucoup plus grande, beaucoup plus puissante, beaucoup plus réelle que la flaque d’eau et que la route.

Et comment remonte-t-on à la vérité de la rivière enterrée? Grâce à l’observation de la matérialité qui exprime le sens: l’eau qui fait pression, qui fait craquer la route, qui détruit le canal. Suivre la rivière signifie chercher l’activité de la matière. Cette matière qu’on ne peut pas rendre passive, cette matière qui ne peut pas être canalisée par un sens qui se voudrait immatériel et transcendant.

En suivant la rivière, nous pourrons, quand nous en aurons envie, décider de nous arrêter en paix, tranquilles (ἐν ἡσυχίᾳ) et nous asseoir (καθίζω).

La paix et la tranquillité nous renvoient encore à la σχολή, mais dans le paradoxe d’une oisiveté qui demande des efforts, une σχολή qui se mélange à la marche, au sport, aux promenades salutaires.