In Platonis Phaedrum Scholia: 228d6-e2
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Σωκράτης
δείξας γε πρῶτον, ὦ φιλότης, τί ἄρα ἐν τῇ ἀριστερᾷ ἔχεις ὑπὸ τῷ ἱματίῳ: τοπάζω γάρ σε ἔχειν τὸν λόγον αὐτόν. εἰ δὲ τοῦτό ἐστιν, οὑτωσὶ διανοοῦ περὶ ἐμοῦ, ὡς ἐγώ σε πάνυ μὲν φιλῶ, παρόντος δὲ καὶ Λυσίου, ἐμαυτόν σοι ἐμμελετᾶν παρέχειν οὐ πάνυ δέδοκται. ἀλλ᾽ ἴθι, δείκνυε.
Socrate
Après que tu m'auras montré, mon très cher, ce que tu as dans ta gauche sous ton manteau: je devine en effet que tu as le discours lui-même. Si c'est ainsi, considère que pour autant que je t'aime beaucoup, si Lysias est présent, il ne semble pas approprié que je me prête à ton exercice. Mais vas-y, montre-moi.
Platon, Phèdre, 228d6-228e2
Montrer, être caché et être là. Nous sommes encore devant un passage qui met en crise l’idée d’un dialogue où Socrate dit la vérité et Phèdre représente le modèle négatif. Lysias est présent (παρόντος) dans son discours. L’écriture est donc présence - ou peut-être la présence est écriture. Lysias est ce qui émerge des signes inscrits dans un supports d’écriture. Socrate affirme le contraire de ce qu’il dira plus tard à propos de l’écriture. Certes, l’ironie… mais l’ironie n’est-elle justement la figure rhétorique qui permet d’affirmer la contradiction? Socrate peut dire que Lysias n’est pas là en disant qu’il est là. Mais le fait de dire qu’il est là n’est pas simplement faux: cela dit une vérité complexe. Il est là et il n’est pas là. Montre-moi ce Lysias qui est là et qui n’est pas là. Montre-moi ce qui est caché. Trouve ce qui est caché: c’est le dispositif même de la vérité grecque, ce qui est dé-couvert: ἀλήθεια.
Si Lysias est là sans être là c’est parce qu’il faut le découvrir - enlever le manteau.